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Manifestation du 10 mai : en plus des morts, des nombreux blessés dans les hôpitaux

Quelques jours après la manifestation réprimée dans le sang du 10 mai 2023, les blessés continuent de panser leurs plaies dans les différents centres hospitaliers de la capitale guinéenne.  Alors que le procureur général de Conakry, Yamoussa Conté, évoque un bilan des trois morts, contre sept du côté des forces vives de Guinée, nous nous sommes rendus au CHU de Donka à la rencontre des blessés de la violente manifestation.

Dans cet hôpital, le plus grand du pays, des nombreux blessés dont certains par balles, d’autres suites à des accidents, pansent leurs plaies. Parmi eux, Mamadou Tahirou Taran Diallo. Ce jeune biologiste et membre de l’Union des forces démocratiques de Guinée ( UFDG) de Cellou Dalein Diallo est couché dans une salle d’hospitalisation. Gravement blessé, il explique avoir été « volontairement » percuté par un véhicule des agents des forces de défense et de sécurité à Wannidara, un quartier de la commune de Ratoma réputé favorable à l’opposition.

« J’étais de passage pour rallier le point de départ de la manifestation. À mon arrivée à Wanindara, j’ai trouvé qu’il y a une atmosphère très tendue entre des jeunes et les forces de l’ordre qui pourchassaient les manifestants en tirant des lacrymogènes et des balles sur les jeunes qui répliquent par des jets de pierres. Certains parmi les manifestants étaient au sol. Je ne sais pas s’ils étaient en vie ou mort.  Pris au piège, je cherchais à me frayer un chemin et continuer ma route, c’est ainsi que j’ai été heurté par l’un de leurs pickups. A peine tomber, je fus arrêté et bastonné sauvagement au motif que c’est nous qui sommes les indociles contre le pouvoir en place », raconte-il.

Poursuivant, il explique avoir été ensuite envoyé dans une brigade mobile où il dit avoir été détenu pendant quelques jours.

« Après ma libération, j’ai immédiatement appelé ma famille et on m’a envoyé ici (CHU de Donka, ndlr) ». Il rappelle que ce n’est pas la première fois que des agents de force de l’ordre le percute sur la moto. Selon lui, en 2014, un groupe des policiers à bord des trois motos l’ont percuté à Foulamadina, avant de l’arrêter et le jeter en prison avec ses blessures.

Son médecin qui a requis l’anonymat soutient que son cas pouvait être pire s’il n’était pas venu à temps à l’hôpital.

Depuis la veille du 10 mai, des heurts ont éclaté entre des jeunes et les forces de sécurité dans plusieurs quartiers de Conakry, suite à l’appel à manifester lancer par les forces vives de Guinée, alliance des principaux partis politiques et des organisations de la société civiles, après s’être retirées des négociations de sortie de crise, estimant que ses revendications n’avaient pas été entendues.

La manifestation a été interdite par les autorités. Cela n’a cependant pas empêché des groupes de jeunes de se rassembler sur la route Le Prince, brulant de pneu.

Les forces Vives de Guinée réclament entre autres la libération de trois figures de la société civile, Oumar Sylla, alias Foniké Mangué, Ibrahima Diallo et Mamadou Billo Bah et l’ouverture d’un dialogue selon les conditions voulues par la Cédéao.

Le collectif a annoncé « l’assassinat de sept citoyens par balle et de 32 blessés par balle dont 13 cas graves », dans un communiqué donnant « un bilan provisoire » transmis mercredi soir à la presse. Il fait également état de « 56 arrestations ». Un bilan contesté par les autorités qui parlent de trois morts.

Par I. Sylla

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