À lire les commentaires des jeunes africains, notamment francophones, sur le Mali, on désespère de l’avenir. Le sentiment anti-Français a fait perdre toute lucidité ou raisonnement logique, objectif à ces jeunes gens.
Les dictateurs ont de beaux jours devant eux dans nos contrées. Pour être plébiscité par cette jeunesse qui se réclame du panafricanisme, il leur suffit de s’en prendre à la France.
Personne ne s’offusque contre l’appétit gargantuesque du colonel Assimi Goita pour le pouvoir. À deux reprises, il s’est engagé à respecter le délai de 18 mois de transition pour organiser les élections, précisément le 27 février 2022. Non content de violer son serment, sans gêne aucune, il présente à ses pairs de la CEDEAO un chronogramme sur 5 ans, c’est-à-dire il se donne lui-même un mandat de plus de six ans au pouvoir. Qui peut s’opposer valablement à la ferme décision de la CEDEAO d’obliger la junte à respecter sa signature? On oublie que l’objectif de la CEDEAO, c’est de créer un grand ensemble homogène sur le plan politique et économique. Il y a donc urgence à ne plus retomber sur nos démons du passé.
Nous ne nous rendons pas compte du mal qu’on se fait nous-mêmes en soutenant de tels dirigeants irresponsables qui ne tiennent pas leurs engagements, d’où la mauvaise réputation qui nous colle à la peau. Aux yeux des acteurs internationaux, nous ne sommes pas des partenaires fiables.
Voilà l’une des raisons qui pousse les investisseurs occidentaux à bouder l’Afrique pour investir massivement en Asie. Tous les efforts de ces 20 dernières années pour redorer le blason de l’Afrique partent en fumée.
Comble de la perdition, nous foulons au pied l’une de nos valeurs ancestrales la plus sacrée : le respect de la parole donnée. En quoi croyons-nous? À la loi du plus fort, au mensonge ou à l’injustice?
Au lieu de prendre l’étranger pour bouc émissaire, pourquoi ne regardons-nous pas en face les manquements de nos dirigeants?
Nous savons tous que l’armée malienne est gangrenée par la corruption, qu’elle a perdu tout sens de l’honneur par ses exactions documentées sur les populations civiles, notamment au Centre du pays. Les programmes de formation n’ont rien changé aux comportements violents des troupes. Les jeunes officiers formés pour conduire les opérations sur les théâtres de combat ont préféré les dorures des palais nationaux aux rigueurs du terrain. Le colonel Goita a même pris de l’embonpoint.
Il faut soigner le mal à la racine au lieu de se lancer dans une fuite en avant en recrutant à prix d’or des mercenaires pour faire la guerre à notre place. Il faut promouvoir la bonne gouvernance, vertueuse et respectueuse du droit, seule gage pour résoudre les crises récurrentes du pays.
Les générations changent, mais la sempiternelle critique de l’impérialisme français ne change pas. Or, depuis la nuit des temps, les puissances économiques et militaires ont toujours cherché à étendre leur influence ou domination sur des États plus faibles. La France ne déroge pas à la règle. Aujourd’hui, les acteurs Chinois, Russes ou Turcs s’activent pour prendre leur part du marché africain. Devant la proie que nous représentons, l’instinct prédateur ne change pas. Ça ne sert à rien de déshabiller Pierre pour habiller Paul.
Dans ce contexte géopolitique d’affrontements silencieux entre puissances, nous devons en priorité, exiger de nos dirigeants le respect de leurs engagements, le respect de nos lois et se donner les moyens politiques et économiques pour mener la bataille décisive de l’amélioration de nos conditions de vie. Investir dans l’école, la santé et l’agriculture. Ce sont les bases de la création de richesses pour quitter le déshonorant club des États -mendiants.
Au moment où les jeunes Sud-Coréens, Chinois et Indiens sont en train de prendre le leadership dans la maîtrise des technologies du futur, les jeunes africains francophones s’époumonent contre le néocolonialisme français. Nous devons changer de paradigme.
Par Alpha Saliou Wann