C’est clair que nous sommes dans la dictature obscurantiste comme sous la révolution. Aucune critique contre le régime n’est tolérée, les médias s’autocensurent et toutes les institutions du pays sont domestiquées.
Ceux qui disent que les manifestations n’ont servi à rien, qu’ils reconnaissent au moins qu’elles ont empêché depuis 2010 ce qui nous arrive en ce moment : la privation totale de nos libertés. Maintenant, nous sommes obligés de nous taire ou d’aller en prison, voire l’exil pour les plus chanceux.
Il n’y a pas d’alternative à la révolte contre la dictature. Depuis le lancement du mouvement du FNDC, les militants ne sont plus les seuls visés, c’est la tête de l’opposition qui est décapitée pour soumettre toute la Guinée sous le joug de la servitude.
Les jeunes qui sont les principales victimes de la mal gouvernance doivent se mobiliser puissamment contre ce système répressif. À l’annonce de telles arrestations, les manifestations doivent être spontanées et vigoureuses. Aucune force ne peut arrêter la furie d’une jeunesse révoltée, nous l’avons vu au Burkina Faso. Nous avons vu aussi la révolte spontanée des femmes le 27 août 1977 qui obligea le redoutable responsable suprême de la révolution à scander lui-même : À bas la police économique. C’est la preuve que tous ces régimes de terreur sont en réalité des châteaux de sable qui peuvent être balayés rapidement.
Il est temps d’envoyer un signal fort à Alpha Condé. Si nous croisons les bras sous quelque prétexte que soit, nous serons broyés par le système répressif du régime. Dans un avenir proche, les Guinéens de la diaspora n’oseront plus revenir au bercail, notamment tous ceux qui sont actifs contre le régime.
Les rapports des violations des droits humains du département d’Etat américain et de l’UE excluent de fait la Guinée au rang des pays fréquentables par les investisseurs étrangers. Les investisseurs locaux quant à eux sont pourchassés, découragés par des droits de douane prohibitifs, harcelés par les services fiscaux, privés de financements bancaires en raison de l’effet d’éviction (les banques ne finançant que les déficits budgétaires), bref rien ne concourt à l’éclaircie économique dans notre pays. Or, notre histoire prouve que la faillite économique a toujours engendré la répression politique. Notre soumission à l’ordre établi n’a fait qu’augmenter la férocité de dirigeants incompétents et corrompus. Agatha Christie disait : «Un peuple de moutons finit par engendrer un gouvernement de loups».
Nous avons donc tout intérêt à résister, car nous n’avons rien à perdre à le faire, bien au contraire, à force de lutter, nous parviendrons à déboulonner ce régime criminel.
« Ceux qui luttent, ce sont ceux qui vivent »
Par Alpha Saliou Wann