Alors que les forces sociales de Guinée projetaient de sortir dans la rue, mardi 22 janvier, pour protester contre la cherté de la vie, la privatisation des libertés publiques et la mauvaise gouvernance, leur manifestation vient d’être interdite par les maires de Matam et Dixinn, tous deux issus de l’opposition. Cette interdiction provoque une vive indignation aussi bien du côté des organisateurs que de la population.
« C’est aussi la conception de la démocratie chez nos élites politiques en Guinée. Un maire UFDG (Union des forces Démocratiques de Guinée) refuse une manifestation citoyenne des forces sociales de Guinée. Et dire que c’est ceux-là qui ose vraiment prétendre défendre les acquis démocratiques », a réagi le mouvement qui regroupe plusieurs membres de la société civile.
« On n’arrive même pas à croire qu’un maire issu de l’opposition, de surcroit défenseur des principes démocratiques s’autorise de nous interdire une manifestation sociale liée à la cherté de la vie dans sa commune. Il nous semble impératif d’assainir l’espace public guinéen », s’est indigné un peu plutôt les forces sociales, après la décision du maire de Matam, Seydouba Sacko de l’UFR.
Pour justifier sa décision, M. Sacko a declaré que l’étroitesse du stade de Bonfi, ne peut pas accueillir 1 million des manifestants comme le prévoit les organisateurs. A Cela, il ajoute la situation sécuritaire des marchés et des écoles etc.
Pour sa part, le maire de Dixinn, Mamadou Samba Diallo, issu de l’UFDG a évoqué une instruction du ministre de l’Administration du territoire et le faible dispositif sécuritaire dont dispose sa commune.
Mais du côté du plusieurs internautes guinéens, ces motifs invoqués ne passent pas.
« Quand un maire élu, interdit une manifestation citoyenne sous prétexte qu’il aurait reçu des instructions d’un ministre fut-il celui de l’administration du territoire et de la décentralisation, c’est la preuve que les collectivités décentralisées peinent toujours à fonctionner conformément à l’esprit de la décentralisation. Entre un élu local qui n’a pas besoin de se référer à un ministre pour prendre une décision de portée locale et des organisations de la société civile qui, pour organiser une manifestation ou marche pacifique s’obligent à attendre la décision favorable d’un maire il y’a visiblement une mauvaise connaissance, maîtrise ou appropriation des textes régissant le fonctionnement des collectivités en termes de rôles et de responsabilités des élus. C’est un véritable recul en matière de décentralisation dans notre pays », a écris Sow Boubacar sur sa page facebook. « C’est honteux venant de leurs part », renchérit un autre internaute.
Par Mariam Bâ