Un documentaire du journaliste ghanéen Anas Aremeyaw Anas met en lumière la corruption qui sévit dans les milieux du football en Afrique.
C’est une enquête d’infiltration de deux ans qui révèle des images d’une centaine d’arbitres et d’officiels prenant de l’argent avant les matchs.
Des actes de corruption portant sur des milliers de dollars américains et qui semblent être monnaie courante dans l’univers du football.
Ces responsables du football en Afrique de l’Ouest et au Kenya sont pris en flagrant délit de corruption aussi bien dans le cadre de compétitions nationales qu’internationales.
150 paiements illicites ont été effectués par des journalistes infiltrés, membre de l’équipe de reportage d’Anas Aremeyaw Anas.
Dans le documentaire, on voit par exemple l’arbitre assistant kenyan Aden Range Marwa, recevoir 600 dollars d’un journaliste qui se fait passer pour un officiel d’une équipe de première division du Ghana.
Il considère l’argent reçu comme « un cadeau » qui permet de maintenir des relations « d’amitié ».
Le Kenyan était l’un des arbitres retenus pour officier durant la Coupe du Monde en Russie. Ce pot de vin lui a coûté sa sélection au mondial.
Ebrima Jallo, un arbitre gambien, est aussi filmé à quelques heures d’une rencontre recevant 600 dollars.
Il précise dans la vidéo que « ce que nous faisons, se fait partout ».
Ce n’est pas de la corruption mais une manière d’établir des relations ». Interrogé par la BBC, il a indiqué n’avoir jamais rien fait de mal.
Parmi les officiels filmés figure un membre influent du conseil de la FIFA, par ailleurs président de la Fédération ghanéenne de football qui est pris sur le vif en train de prendre aussi de l’argent.
Il s’agit de Kwesi Nyantakyi, le deuxième homme le plus puissant du football africain.
Il est filmé empochant 65.000 dollars en cash, un montant qu’il reçoit des mains d’un autre journaliste infiltré qui s’est présenté cette fois comme étant un investisseur potentiel intéressé par le football ghanéen.
Approché par la BBC, Nyantakyi s’est refusé à tout commentaire.
La production du journaliste ghanéen Anas Aremeyaw Anas, qui bénéficie d’un soutien populaire au Ghana était très attendue.
Pour Brigth Kankam Boadu de Radio Host Accra, « le football est un beau sport et nous attendons que cette vidéo d’Anas puisse aider à nettoyer le système. Nous pensons que les choses doivent changer ».
Les pratiques journalistiques d’Anas Aremeyaw Anas ne font pourtant pas l’unanimité au Ghana. Accusé de corruption et d’évasion fiscale, le journaliste d’investigation est critiqué par ses détracteurs.
Charles Batum, avocat ghanéen, dénonce sa méthodologie de la caméra cachée.
« Ce qui se passe c’est que vous êtes piégé et impliqué dans quelque chose que vous ignorez totalement. Je pense que cela blesse profondément les gens ».
Le documentaire du journaliste d’investigation Anas Aremayaw Anas a soulevé de sérieuses questions sur la corruption du football en Afrique, sport roi et favori du continent.
BBC