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100ème jour de la disparition de Foniké et Billo : indignation et inquiétude collectives !

Ce jeudi 17 octobre 2024 marque le 100ème  jour de la disparition « forcée » de Foniké Mengué et Billo Bah, deux membres du FNDC et opposants à la junte guinéenne. A l’occasion de cette journée, personnalités politiques et culturelles, ONGs des défenses des droits humains et Institutions internationales expriment leurs indignations mais aussi émettent des inquiétudes quant au sort de deux activistes.

« Plus de 100 jours sans nouvelles de Foniké et Billo. Une absence insoutenable pour leurs proches et une douleur partagée par tous ceux qui se battent pour la justice et la liberté. Saluons la mobilisation constante pour leur libération et ne baissons pas les bras », a posté Sidya Touré sur son compte X.

« Cent jours sans nouvelles, cent jours d’incertitude, cent jours d’une absence insoutenable, cent jours d’angoisse pour les familles. Cent jours de mépris et d’indifférence de ceux qui gouvernent le pays », fustige pour sa part Cellou Dalein Diallo. « Si la justice est vraiment la boussole du Général Mamadi Doumbouya, il a ici une belle occasion de le prouver. Chaque jour qui passe est une épreuve atroce, inhumaine, pour leurs proches et pour tous les Guinéens épris de justice et de liberté », ajoute-t-il.

A l’image de Sidya Touré et Cellou Dalein Diallo qui vivent désormais en exil, l’un à Abidjan l’autre à Dakar, d’autres personnes personnalités guinéennes s’élèvent contre cette disparition forcée. Parmi eux, le célèbre écrivain Tierno Monenembo. Dans une tribune, le prix Renaudot 2008 accuse l’Etat guinéen d’être le suspect no1 de la séquestration de deux hommes.

« Il y a exactement cent jours ce jeudi 17 octobre, que nos deux compatriotes ont disparu. Cent jours pénibles ! Cent jours sans Foniké Mengué et Billo Bah ! Qui les a enlevés, que sont-ils devenus ? Nul ne le sait. A ce jour, aucun terroriste n’a publié une revendication, aucun gangster n’a réclamé une rançon. L’Etat, le suspect numéro 1 dans cette misérable affaire, garde le silence, un silence cynique et méprisant comme à son habitude », fustige-t-il.

« Ce qui est révoltant, c’est que Foniké Mengue et Billo ne sont ni les premiers ni les derniers. Ce qui est lassant, c’est la sempiternelle répétition de notre funeste histoire. Ce qui rend fou, c’est l’insondable capacité du Guinéen à supporter l’insupportable », s’est désolé, avant de s’interroger : « Encore une fois, la Guinée laissera-t-elle dévorer deux de ses enfants, sans rien faire, sans rien dire ? Sommes-nous condamnés à disparaître un à un dans la gueule sans fond de la tyrannie ? ».

Au niveau international, la même désolation se partage.

« Les autorités n’ont toujours pas reconnu leur détention ni révélé le lieu où ils se trouvent, malgré les demandes répétées des avocats représentant les deux hommes. Ceci est considéré comme une disparition forcée au regard du droit international », rappelle Human Rights Watch.

« 100 jours que Foniké Menguè et Billo Bah ont disparu. L’UE demande aux autorités de transition de tout faire pour éclaircir les conditions de leur disparition et les retrouver sans délai’’, déclare de son côté Nabila Massrali, porte-parole de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, sur X. Elle ajoute que l’Union européenne reste attachée « à l’Etat de droit et aux libertés fondamentales ».

Oumar Sylla dit Fonikè Manguè et Mamadou Billo Bah ont été arrêtés dans la nuit du mardi 09 juillet 2024, selon plusieurs sources, par des éléments des Forces spéciales et du Groupement d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN) au domicile du premier.

Les autorités n’ont toujours pas reconnu leur détention ni révélé le lieu où ils se trouvent, malgré les demandes répétées de leurs avocats. Cependant, Mohamed Cissé qui a été arrêté à même temps qu’eux puis relâché le 10 juillet, a raconté qu’ils ont été tous conduits dans un camp militaire dans l’île de Kassa, au large de Conakry.

Le 17 juillet, le bureau du procureur de la Cour d’appel de Conakry a déclaré que Oumar Sylla et Mamadou Billo Bah n’avaient pas été arrêtés par les autorités et qu’ils n’étaient détenus dans aucune des prisons du pays. Une enquête est en cours, a indiqué récemment le premier ministre Bah Oury ajoutant vaguement que « si on les trouve, nous les montrerons ».

Dans un communiqué le 19 juillet dernier, le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme s’est dit « extrêmement préoccupé par la disparition des deux militants » et a exhorté « les autorités de transition à les libérer immédiatement et sans condition, à moins qu’ils ne soient formellement inculpés conformément aux procédures judiciaires établies ».

Le 22 juillet, les épouses des deux hommes ont déposé une plainte auprès d’un tribunal de Paris contre le président de la transition, Mamady Doumbouya, au sujet de la disparition forcée de leurs maris.

Une semaine auparavant, les avocats des deux activistes avaient demandé à la Cour pénale internationale d’ouvrir une enquête sur cette affaire.

Par Alpha Abdoulaye Diallo

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