Des dizaines de blessés sont aussi à déplorer, ajoute la même source .
Les heurts auraient commencé mardi. « Des dizaines » de personnes ont été blessées, notamment « à coup de pierres, de machette et à l’arme blanche ».
Les heurts se seraient produits entre deux groupes, l’un originaire de Guinée, l’autre de Côte d’Ivoire, à El-Amra, dans la région de Sfax, après la diffusion d’un match de la Ligue des champions. « Les affrontements ont duré du [mardi] soir jusqu’au matin », a précisé un élu communal sur une radio tunisienne.Sur une vidéo Facebook de Tarak Mahdi, l’élu demande aux blessés « graves » de se rendre à l’hôpital, leur assurant qu’ils seraient ramenés dans les campements après avoir été soignés.De nombreux migrants refusent d’aller en ville – et dans les structures publiques comme les hôpitaux – craignant d’être emprisonnés ou expulsés s’ils sollicitent l’administration. Dans une des vidéos, l’un des blessés montre une large entaille sou une oreille tranchée.
Depuis plusieurs semaines, la situation des migrants installés à El-Amra s’est considérablement dégradée.
La Garde nationale a mené la semaine dernière une opération de grande ampleur visant à démanteler les milliers de logements de fortune érigés dans les champs d’oliviers. Selon les estimations des autorités, environ 20 000 migrants vivent dans cette zone. Les dégâts ont été nombreux.
Selon des témoignages reçus de migrants sur place, les forces de l’ordre ont brûlé des tentes et des effets personnels dans plusieurs campements, poussant les migrants à s’éparpiller dans la zone.
La présence de ces exilés sans-papiers est devenu un sujet explosif dans la région, la cohabitation avec les riverains étant difficile. Les propriétaires terriens réclament que les nouveaux venus soient chassés de leurs oliveraies – qui constituent leur gagne-pain. Les migrants, confinés dans ces champs, cassent souvent des branches pour cuisiner ou les vendre comme charbon, raconte un propriétaire à l’AFP qui n’arrive plus à récolter ses olives. « Je suis devenu un intrus sur ma propre terre ».
« Retours volontaires »
Ces campements de fortune sont un sujet d’ordre national. Les Subsahariens se sont installés dans les oliveraies de la région d’El-Amra à l’été 2023, après avoir été chassés des centres-villes par les forces de l’ordre. Quelques mois avant, en février, le président Kaïs Saïed avait accusé « des hordes de migrants subsahariens » de déstabiliser le pays et de menacer de « changer la composition démographique » de la Tunisie.
Depuis ce discours virulent, des milliers d’entre eux sont harcelés par les autorités – et la population – victimes de racisme voire pire de kidnapping, de « vente » et d’abandons dans le désert aux frontières libyenne ou algérienne.
Face à ce climat hostile, certains migrants veulent rentrer chez eux, les autorités tunisiennes assurent qu’ils pourront bénéficier de « retours volontaires ». Mais plusieurs migrants ont dit à l’AFP craindre d’être emprisonnés ou renvoyés dans le désert s’ils se présentent aux bureaux de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) – qui organise les vols retour.
D’autres refusent de quitter Al-Amra et attendent de rallier clandestinement l’Europe, via la mer Méditerranée, bien que cette route maritime depuis la Tunisie soit quasiment bloquée et extrêmement dangereuse.
Avec infomigrants