Je ne parlerai pas ici de ta plume, ni du délire que tu nous offrais, car les lecteurs, internautes, et auditeurs qui te suivaient sur guineenews, ta maison mère, et la quasi-totalité des médias guinéens connaissent bien mieux qui tu es. Ici, je vais parler de Abdoulaye Bah, L’HOMME…L’HUMAIN que j’ai connu.
Je ne me rappelle pas exactement de notre première rencontre. Je sais Tout simplement que tout nouveau reporter un peu timide à Nostalgie, j’ai senti un frère, un guide, un confident auprès de moi. Et pourtant je ne t’avais pas invité dans mon monde; mais puis ce qu’aider les autres était une vertu pour toi, tu n’avais pas attendu que je te sollicite.
Néanmoins, je me souviens d’un soir, pendant qu’on descendait du 5e étage de l’Immeuble Souhel Hajjar, où est hissé la Radio Nostalgie Guinée, tu trainas les pas pour qu’on se retrouve seul à deux. Et tu me glissas ces phrases. “Tu as un avenir dans ce métier Thierno. Mais il faut rester toi même. Et sois patient”.
Je dois l’avouer que je n’avais pas tout de suite saisi le fond de tes mots. J’étais un stagiaire en attente d’être engagé, mais déjà animateur dans l’émission Africa 2015, où je côtoyais Bah Lamine, qui a fait le pari de me donner la parole dans un tel programme melting pot de très grande écoute.
Après méditation de tes sages mots, je suis arrivé à décoder le message. Depuis ce jour, on ne s’est pas quitté aussi bien dans le monde professionnel que dans d’autres circonstances dont tu avais le secret de créer.
Et c’est là que j’ai eu la chance de connaitre ABDOULAYE BAH, l’HOMME.
Abdoulaye Bah, c’était ce Monsieur capable de t’appeler en fin de semaine pour t’inviter chez lui; pas pour te raconter des jolies anecdotes, ou bien te parler de politique ou de sport; mais pour t’envoyer dans un restaurant ou dans un café du coin pour diner.
Abdoulaye Bah, c’était aussi celui qui te donnait un rendez vous dans une station de service juste pour remplir le réservoir de ta mobylette.
Tu l’as fait à plusieurs reprises sans que je ne te demande, au point que j’esquivais des fois tes invitations en simulant un déplacement lointain. Je ne peux pas en dire plus, car je sais que de là où tu es, tu ne l’apprécierais pas. Et d’ailleurs je t’entends dire dans un faut sourire, “Arrêtes mon ami! Arrêtes!”
Et donc, j’arrête…
Et là, je vois ton vrai sourire revenir. La blancheur de tes dents illuminer la route de Conakry-Dinguiraye. Oh cet éternel voyage de 463 km. Cet ultime voyage qui ne sera pas illustré d’images et de vidéos prises par ta camera aux objectifs de Lynx.
Direction donc Dinguiraye. Quel parfait lieu pour se reposer à jamais. Dinguiraye, la terre de Elhadj Oumar Tall, le fondateur de la mosquée qui va prier sur ton corps pour la dernière fois. Cette mosquée dont la garde est aujourd’hui assurée par ton papa (premier Imam de la mosquee de Dinguiraye).
Dinguiraye, le centre de la Guinée a donc la chance d’abriter ta dernière demeure. Dinguiraye d’où est parti pour une longue tournée qui va te permettre de faire le tour de la Guinée. Tu es l’un des rares guinéens à avoir foulé les 33 préfectures de notre pays. Traverser la Guinée était même devenu une obstination pour toi. Ces coins et recoins de la belle Guinée que tu as traversée de bout en bout sont entrain de prier pour toi.
Nous ne t’oublierons jamais koto.
Repose en paix l’ami de tout le monde.
Thierno Amadou Bah, Journaliste