Politique
Présidentielle guinéenne : Ces observateurs qui ne voient jamais rien
Published
7 ans agoon

Un chef d’Etat africain avait eu ce constat implacable selon lequel, sur ce continent noir, un président en exercice ne peut pas organiser des élections et les perdre. Effectivement, l’histoire lui donne raison car, en dehors de quelques cas rares, notamment les exemples de Goodluck Jonathan au Nigeria, Abdoulaye Wade au Sénégal, les chefs d’Etat africains ont toujours remporté, les doigts dans le nez, les scrutins organisés sous leur règne. Et ce sera très probablement aussi le cas pour le Professeur Alpha Condé en Guinée Conakry, dont la victoire se dessine de plus en plus. Remporter au « quart de tour » ce scrutin, il faut être Alpha Condé pour le faire, envoyant ipso facto ses principaux concurrents, Cellou Dalein Diallo et Sidya Touré au tapis. Ainsi, comme beaucoup de ses homologues africains, l’opposant historique devenu président de façon « extraordinaire » en 2010, a montré que dans la pratique démocratique sous nos cieux, le « pouvoir sortant, bénéficiant du large soutien de tout l’appareil d’Etat, pouvait à loisir dicter l’issue d’un scrutin ». Il ne nous revient pas de contester la régularité de la victoire de Condé, ni de dire que ses opposants ne méritaient pas de perdre. Seulement, un certain nombre d’éléments dans cette ambiance d’embrouillamini électoral, laissent perplexes quant aux conditions de déroulement du scrutin. Bref, au-delà de la victoire plus que probable du président Condé, c’est l’acceptation des résultats qui pose problème. Faut-il encore le rappeler, les sept candidats opposés à Condé rejettent en bloc les résultats et réclament une annulation pure et simple du scrutin. Et ce n’est pas tout. Le principal opposant, Cellou Dalein Diallo, très remonté contre le président de la CENI, annonce qu’il se retire du processus électoral. Car malgré les appels pressants de l’opposition et les récriminations fondées sur les défaillances du système électoral, le responsable de la CENI n’a jamais donné l’impression que la transparence et la crédibilité des élections étaient sa préoccupation. Bien au contraire, il se comportait en homme-lige du pouvoir de Condé ?
Malheureusement, c’est la population qui paie toujours le prix fort, dans les mascarades électorales
Dans cette histoire, les Guinéens n’ont pas été aidés, d’autant que la communauté internationale n’a, à aucun moment, exercé une quelconque pression sur le pouvoir dans le sens d’améliorer les règles de la compétition électorale. Elle a plutôt passé le temps à s’égosiller pour que le scrutin soit apaisé, en brandissant même des menaces. C’est le cas de Fatou Bensouda de la Cour pénale internationale (CPI) qui a occulté le fait que l’ambiance post-électorale est tributaire de la transparence, de l’équité, de la crédibilité, et donc de règles acceptées de tous. Ce faisant, la communauté internationale pourrait avoir entériné une mascarade électorale en Guinée, tout en indiquant aux princes du continent que ce qui compte, c’est de gagner les élections, quelle que soit la manière. Toute chose qui a fait dire à l’ancien président français Jacques Chirac, que « la démocratie est un luxe pour l’Afrique ». Pour revenir aux élections guinéennes, outre la communauté internationale coupable de n’avoir pas su mener en amont le combat dans le sens de la transparence du scrutin, l’on doit s’offusquer du comportement des observateurs «internationaux». Ils sont à la fois l’œil et la garantie d’une élection transparente et équitable. Du moins, leur «certification» permet d’apprécier la crédibilité d’une élection. Mais, hélas, l’histoire a montré qu’il ne faut jamais s’en remettre à ces « observateurs » dont on se demande finalement ce qu’ils observent sur le terrain. Ils ne voient jamais grand-chose. Le tapage médiatique autour de leur présence à une élection, sonne creux. A ce rythme, on se demande si les gros moyens mobilisés pour les envoyer dans un pays pour une mission d’observation électorale, ne gagneraient pas à être alloués à des structures d’observation nationale, notamment la société civile. Dans tous les cas, on peut agir de sorte à rendre plus performant le système d’observation électoral domestique. Sinon, on aura toujours des missions d’observation qui entérineront des dictatures. Et malheureusement, c’est la population qui paie toujours le prix fort, dans ces mascarades électorales. Au total, on a bien peur pour la Guinée et les Guinéens qui ne méritent pas ce qui leur arrive. Ils sont pris au piège à la fois par une classe politique « incorrigible » et par une communauté internationale qui refuse de s’assumer jusqu’au bout, cautionnant au passage des résultats électoraux bien souvent fabriqués à l’avance par les princes régnants. Ce faisant, l’on retarde l’avènement d’une Afrique véritablement démocratique. Avec ce qui s’est passé en Guinée, on est obligé de reconnaître avec René Dumont, que « l’Afrique noire est mal partie » et que cette affirmation afro-pessimiste demeure une réalité cruelle, pour le grand malheur des populations africaines aspirant à la démocratie.
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Dans un décret lu mercredi 29 juin 2022 à la télévision nationale, le président de la transition, le colonel Mamadi Doumbouya, a créé une école d’état-major en République de Guinée.
Cette nouvelle école en abrégé EEM a été placée sous l’autorité du chef d’état-major des armées.
« Elle est située à Conakry au Camp Alpha Yaya Diallo, elle peut être transférée à tout autre lieu du territoire national en raison des nécessités de service lorsque les circonstances l’exigent », précise le décret.
Elle va être dirigé par le colonel N’Famara Oularé, précédemment préfet de Kissidougou.
Par Guinee28

Organiser les élections et quitter la scène politique dans les plus brefs délais. Voilà ce que demande, plus que tout autre chose, la Cédéao au régime du colonel. L’organisation ouest-africaine tient au retour à la démocratie en Guinée. Elle y travaille lentement mais sûrement. Avec la junte, elle manie la carotte et le bâton. A un moment, elle a décidé de sanctionner le régime du colonel s’il ne présentait pas un calendrier de transition acceptable avant fin avril 2022. Ce délai est passé.
Elle a accepté de se faire violence afin d’amener la junte à saisir cette occasion pour revenir à de meilleurs sentiments. Au bilan, rien n’a marché. La Cédéao a conseillé la junte de se mettre ensemble avec les forces sociopolitiques pour proposer souverainement un calendrier et définir les tâches de la transition. La junte n’a pu se soumettre à cette demande.
On lui a fait savoir qu’en de tels moments, suivre la voie tracée par la Cédéao est une nécessité, sinon le régime court le risque d’être l’auteur de sa propre caricature. Elle a préféré se confier au CNT. C’est là où, évidemment, le bât blesse à quelques heures du 3 juillet. Date à laquelle l’organisation ouest-africaine, qui tient la démocratie en de bonnes mains, va infliger des sanctions au régime du colonel en raison du retard pris dans l’organisation du retour des civils au pouvoir.
J’ai dit.
Par Alpha Abdoulaye Diallo (Billet paru dans Le Populaire du lundi 27 juin 2022)
A LA UNE
Transition : le président du CNT s’agace contre le premier ministre
Published
3 jours agoon
Juin 29, 2022
Le président du conseil national de la transition (CNT) n’a pas mâché sa ‘’colère’’ contre le premier ministre.
A l’occasion du lancement de l’atelier de formation des conseillers nationaux ce 29 juin, Dansa Kourouma s’est offusqué que plus de dix mois depuis le début de la transition, Mohamed Béavogui n’a toujours pas déclaré sa politique générale. Face à cette situation, il a lancé une dernière interpellation au chef du gouvernement, chargeant ainsi le ministre du Budget, présent à la cérémonie, de lui transmettre le message.
« Nous voulons savoir les grands axes stratégiques. Comment ce gouvernement compte transformer le quotidien des Guinéens ? Nous sommes pressés. C’est la troisième interpellation officielle de ma part. Je l’ai fait par courriers, je l’ai fait par rencontre. Aujourd’hui, je profite pour dire que c’est la dernière interpellation sur le sujet », a déclaré Dansa Kourouma. « Nous attendons avec exigence et insistance le discours de politique générale de son excellence Monsieur le Premier ministre », insiste-t-il, rappelant que « la bonne gouvernance exige de nous un certain nombre de vertus, de valeur, notamment la culture de l’intégrité, la transparence et surtout le contrôle de l’efficacité des politiques publiques ».
Par Mariam Bâ
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