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Nigeria : 58 morts dans un double attentat-suicide dans un camp de déplacés

L’attaque, attribuée à Boko Haram, pourrait avoir été menée en représailles à l’attaque, par l’armée nigériane, de trois villages tenus par la secte islamiste.

Cinquante-huit personnes ont été tuées mardi dans un double attentat-suicide perpétré par deux femmes kamikazes dans un camp de personnes déplacées par les attaques du groupe islamiste nigérian Boko Haram dans le nord-est du Nigeria. Le chef des services d’urgence dans l’Etat de Borno (nord-est), Satomi Ahmed a raconté mercredi à l’AFP le déroulement de cette attaque-suicide.

«D’après ce que nous savons, trois femmes kamikazes déguisées en réfugiées sont arrivées vers 06h30 dans le camp de Dikwa», a déclaré Satomi Ahmed. Dikwa est situé à environ 90 kilomètres à l’ouest de la capitale de Borno, Maiduguri, ancien fief de Boko Haram. «Deux (femmes) ont déclenché leurs explosifs. La troisième a refusé (de le faire) quand elle a réalisé que ses parents ainsi que ses frères et sœurs étaient dans le camp et elle s’est rendue aux autorités», a poursuivi le responsable.

«Nous avons dénombré 35 cadavres et 78 personnes blessées», a-t-il ajouté, précisant que les blessés avaient été évacués vers deux hôpitaux de Maiduguri. Le bilan des morts a ensuite grimpé à 58, selon les services de secours.

Le camp de Dikwa abrite des habitants de six zones de l’Etat de Borno : Dikwa même, Gamboru Ngala (à la frontière avec le Cameroun) et les villes de Marte, Kalabalge, Bama et Mafa. Selon Satomi Ahmed, la kamikaze qui ne s’est pas fait exploser a prévenu les militaires du camp de nouvelles attaques à venir dans la région.

Multiplication des attaques

La semaine dernière, l’armée nigériane a attaqué trois villages considérés comme des bastions de Boko Haram près Kalabalge, tuant des dizaines de combattants et secourant des centaines de femmes. Ces dernières, en grande partie issues de la tribu arabe Shuwa, avaient été enlevées, une pratique courante des combattants de Boko Haram, ce qui tend à accréditer la thèse d’une vengeance.

Le groupe, qui a fait allégeance à l’Etat islamique (EI), a de plus en plus souvent recours à des attentats suicides et des attaques à la bombe à mesure que les militaires le repoussent des zones qu’il contrôlait auparavant et a déjà frappé des camps de déplacés. Le 11 septembre dernier, sept personnes ont été tuées dans l’explosion d’une bombe dans le camp Malkohi, près de Yola, dans l’Etat voisin d’Adamawa. Ce camp accueillait les femmes et les enfants que l’armée avaient libérés des griffes de Boko Haram.

Maiduguri, qui compte environ 2,6 millions d’habitants, dont 1,6 million de réfugiés selon l’ONU, a été frappée par de nombreux attentats ces derniers mois. Boko Haram y était apparu en 2002 avant de déclencher en 2009 une insurrection qui a fait au moins 17 000 morts et plus de 2,6 millions de déplacés.

Ces violences frappent aussi les pays voisins à l’image du double attentat suicide commis mercredi matin lors d’une veillée de deuil dans le village de Nguetchewe, au nord du Cameroun, une région frontalière régulièrement attaquée. Au moins six civils ont été tués et plus de 30 blessés.

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