En Guinée, défenseurs des droits de l’homme et victimes du massacre du 28 septembre 2009 se félicitent de l’arrestation d’Aboubacar Sidiki Diakité, alias «Toumba». Celui qui était à l’époque l’aide de camp du putschiste Moussa Dadis Camara est accusé d’être l’un des principaux artisans de cette sanglante répression d’un meeting de l’opposition, rassemblée dans le stade de Conakry pour dire non à une candidature de Dadis à la présidentielle. Les centaines de victimes espèrent une extradition et surtout l’ouverture d’un procès l’an prochain pour clarifier les choses.
Quel rôle a joué le lieutenant Aboubacar Sidiki Diakité dans le déchaînement de violences ce jour-là ? Une chose est sûre, contrairement à son ancien chef, « Toumba » était présent au stade de Conakry le 28 septembre 2009. Il ne l’a jamais nié, mais lui affirme être venu pour protéger certains leaders de l’opposition de la sauvagerie de militaires incontrôlés décidés à commettre le pire. Ce n’est pas ce que dit la commission d’enquête de l’ONU peu de temps après qui le met en cause clairement.
A-t-il obéi aux ordres de Moussa Dadis Camara ou a-t-il pris l’initiative comme le capitaine putschiste l’affirme aux enquêteurs onusiens en décembre 2009 ? Se sentant alors d’ailleurs trahi par son chef, le lieutenant « Toumba » lui tire dessus à bout portant, puis il disparaît pendant sept ans. Jusqu’à ce lundi où il est donc arrêté à Dakar.
Moussa Dadis Camara, lui, remis de sa blessure, coule depuis des jours paisibles au Burkina. Il a bien tenté de rentrer en Guinée en 2015 pour se présenter à la présidentielle, mais les autorités guinéennes ont torpillé son retour.
En tout, la justice guinéenne a inculpé quatorze hauts responsables de la junte militaire au pouvoir à l’époque. Certains ont d’ailleurs toujours des responsabilités officielles.
« Ce que nous souhaitons, c’est que le procès démarre en 2017 »
S’il est peu probable désormais que Moussa Dadis Camara comparaisse, la perspective de voir « Toumba » dans le box au futur procès satisfait et soulage les centaines de victimes en quête de réponses.
« Plus de trente victimes m’ont appelé, des responsables d’associations, tout le monde est vraiment content, rapporte Me Hamidou Barry, coordonnateur principal des avocats des victimes du 28 septembre 2009. Mais nous voulons quand même que les autres personnes aussi, particulièrement le capitaine Moussa Dadis Camara, regagnent le pays, pour que le procès puisse s’ouvrir. Ce que nous souhaitons, c’est que le procès démarre en 2017, qu’au plus tard au mois de mai, le procès s’ouvre. Nous sommes confiants, mais nous relativisons. Nous avons espoir, mais on ne va pas dormir sur nos lauriers et penser que tout est fini, tout est acquis. Vu le temps que la procédure a pris pour que Toumba soit arrêté, pour que Dadis ne revienne pas, on se pose la question. Pourquoi une personne inculpée, qui est guérie, qui souhaite rentrer, on l’empêche de revenir en Guinée ? Donc nous prenons les choses avec des pincettes. »
Le 28 septembre 2009, dans le stade de Conakry, 157 personnes avaient été tuées, une centaine avaient été portées disparus, et plus d’une centaine de femmes avaient été violées par des militaires lors de la répression extrêmement brutale d’une manifestation de l’opposition.
RFI