La Guinée est un pays plein de ressources et de potentiel. La population du pays étant majoritairement jeune et sexuellement active très tôt, l’accès aux soins de santé sexuelles et reproductive demeure un défi pour le gouvernement. Le faible taux d’utilisation de la contraception moderne contribue à la survenue de grossesses précoces et non désirées qui pousse plusieurs adolescentes à recourir à des avortements non sécurisés.
Une pratique qui met en danger la santé et la vie de l’adolescentes, leur faisant courir le risque d’hémorragie, d’infection, de stérilité ou même de la mort. Cette situation montre clairement que la compréhension sur les avantages de la Planification Familiale est encore faible, avec seulement 7,8% d’utilisateur des moyens de contraception moderne au sein de la population générale et 28% de besoins non satisfaits. L’accès des jeunes femmes aux services de santé sexuelle et reproductive (SSR) reste limité en raison de certaines barrières, telles que le mariage précoce, les pesanteurs religieuses et sociales, le faible statut socioéconomique, le faible niveau d’éducation et d’alphabétisation, ainsi que le faible accès aux soins de santé.
Pour améliorer cette situation, le ministère de la Santé a fait de l’intégration de la santé sexuelle et reproductive des adolescents et des jeunes, une priorité de santé publique et la considère comme un axe d’intervention clé dans la réduction de la mortalité maternelle, néonatale, infantile et des adolescentes. Pour se faire, le département de la santé mise sur la santé communautaire.
En Guinée, le développement de la santé communautaire commence par le centre de santé, le poste de santé et se poursuit dans les communautés et familles à travers les agents de santé communautaire et relais communautaires. Au niveau du centre de santé et poste de santé, l’offre concerne les services préventifs, curatifs et promotionnels ainsi que le suivi des activités à base communautaires, la médecine traditionnelle et l’approvisionnement en médicaments et autres intrants. Au niveau communautaire, les Comités de santé et d’hygiène des communes, appuyés par le personnel de santé et les autorités des collectivités locales et les PTF, veillent à l’implication effective de la communauté à toutes les étapes du processus de planification, de la mise en œuvre des activités communautaires et du suivi de l’exécution des programmes de santé au niveau communautaire. Les agents de santé communautaires mènent les activités promotionnelles, préventives et de soins selon le paquet intégré. C’est à travers eux que la sensibilisation est faite pour accroitre le taux d’utilisation des services de santé sexuelle et reproductive.
Ce schéma a amené le gouvernement à renforcer les compétences des prestataires de santé au niveau des centres de santé, à développer les systèmes de santé communautaire. Les agents de santé communautaires (ASC) et les relais communautaires (RECO) formés et soutenus jouent un rôle important dans la mise en œuvre des interventions Communautaires en matière d’offres et de la demande de soins. La mise en œuvre d’un paquet réformé et intégré de soins de santé primaires essentiels au niveau communautaire, délivré par les RECO et ASC est d’une importance inestimable pour le système de santé. Dr Mamady Kourouma, Directeur national de la santé communautaire et de la médecine traditionnelle (DNSCMT), estime que « la présence et l’implication des agents des centres de santé communautaire, a contribué à la réalisation effective de la stratégie de santé communautaire à l’amélioration de l’accès aux soins de santé primaires pour les femmes enceintes, les adolescentes, les femmes allaitantes et les enfants dans le pays ». A titre d’exemple, Dr Kourouma indique une augmentation de certains indicateurs entre le premier trimestre 2023 et le deuxième trimestre 2023 « l’augmentation du nombre de la Première consultation Prénatale (CPN1) réalisée dans les centres de santé du pays qui est passé de 59608 contacts à 100177 ; l’augmentation du nombre de Nouvelles utilisatrices de Contraceptifs injectables (DMPA-SC) qui est passé de 10407 femmes à 10878 ; le nombre d’enfants à rattraper au cours du trimestre pour la vaccination (fiches en souffrance) a régressé de 50366 fiches à 37452 »
Sur le terrain, les organisations de la société civile sont mises à profit dans le cadre de la formation, du plaidoyer en faveur des droits et santé sexuel et reproductifs (DSSR) tant en milieu rural qu’en milieu urbain. C’est dans ce sens que la Coalition nationale des organisations de la société civile engagées dans le repositionnement de la planification familiale (CNOSC-PF) et l’Association des bloggeurs de Guinée (Ablogui) en partenariat avec Solthis, a mis en œuvre un projet d’appui dénommé PAJES « Pouvoir d’agir des Associations et des Jeunes Engagé(e)s pour la Santé sexuelle ». Il a contribué non seulement à renforcer le plaidoyer en faveur des droits sexuels et la santé de la reproduction mais aussi à la diffusion de messages clés à travers les canaux de communication disponibles (télé, radio, réseaux sociaux etc.), touchant un nombre considérable de jeunes et de femmes à travers le pays.
Kadiatou Thierno Diallo