La crise du carburant a mis à nu le gouvernement (opinion)

Cette crise du carburant a mis à nu le gouvernement, qui ne détient que l’arme de la propagande pour calmer les attentes des Guinéens. Ils nous ont dit, qu’ils ont signé en septembre 2017, un accord-cadre (qui reste pour le moment secret-défense pour nous) avec la Chine qui nous ouvre une ligne de crédit de 20 milliards sur 20 ans contre nos ressources minières. Un lot de 1,3 milliards de dollars était même décaissable, dès 2017. Puis, sur la même lancée, ils obtiennent du groupe consultatif de la Banque mondiale à Paris, les promesses de financement du PNDES 2016-2020 pour 21 milliards de dollars. N’est-ce pas une aubaine exceptionnelle pour le gouvernement ?

Dans ces conditions, cette crise du carburant, n’avait pas lieu d’être, car l’Etat n’a pas le couteau à la gorge pour faire payer cher ses acteurs économiques et donc hypothéquer la croissance économique par l’augmentation de la facture énergétique et de tous les prix des produits dans le pays. On a l’impression que cette opération est une farce mise en scène par les bailleurs de fonds pour faire plaisir à l’égo surdimensionné d’Alpha Condé, parce qu’il est inexplicable que le gouvernement ne saisisse pas cette opportunité pour mener une autre politique que celle de l’austérité prônée par le FMI.

En effet, dès lors que les financements sont disponibles, personnellement, je m’attendais à une politique de relance par les grands travaux, qui sont d’ailleurs prévus dans l’accord avec la Chine. Pourquoi, ce n’est pas fait? Le gouvernement provoque une crise inutile, pour justifier le refus des bailleurs de fonds d’investir leurs capitaux dans un pays à économie sinistrée et à risque juridique très élevé. Ça leur donne déjà du grain à moudre pour dire le grand bâtisseur Alpha Condé voulait faire de la Guinée un bijou, mais les ennemis du pays, l’en ont empêché par leurs manifestations intempestives. C’est l’argument fétiche d’Alpha Condé pour masquer ses échecs. Ce qui est clair, depuis ces différentes signatures de financements en 2017, jusqu’à juin 2018, nous n’avions pas vu des investisseurs se bousculer en Guinée, donc bien avant ces manifestations, notre pays n’inspirait pas confiance aux marchés. Et ils n’ont pas réussi à décaisser 1 dollars de toutes ces promesses de financements qui totalisent 41 milliards de dollars, c’est totalement ridicule au regard de l’insignifiance de notre PIB. Les Chinois, quant à eux, sont tranquilles, ils exportent notre bauxite (plutôt leur bauxite) à une cadence infernale. Nos dirigeants impliqués dans la signature des contrats miniers avec la Chine, sont aussi tranquilles, ils ont empoché au passage de juteuses commissions au détriment des intérêts de leur pays qui ne reçoit que des miettes de l’exploitation de ses ressources minières.

Comme on le dit chez nous en Guinée, ils sont bénis, ce sont tous les autres Guinéens qui sont maudits pour supporter le lourd fardeau de leur forfaiture. Ceux qui profitent, cette fois-ci des vraies subventions, donc des dons de carburant et des grosses cylindrées, ont mobilisé à coup de milliards de francs des aboyeurs à gage pour décrédibiliser ceux qui se battent pour la préservation du pouvoir d’achat des populations. Ces dernières, en rechignant de soutenir le mouvement de protestation des Forces sociales et des syndicats, cautionnent de fait, le maintien de la politique de paupérisation du gouvernement. Que voulez-vous qu’on fasse d’autre ? Les vautours sont considérés comme ceux qui aiment la Guinée et ceux qui se battent contre ces rapaces sont pris pour les ennemis de la Guinée, des fauteurs de troubles, des haineux, qu’il faut neutraliser par tous les moyens. « Nous n’y pouvons rien, tant que les masses n’auront pas compris, de quel côté se trouve leurs intérêts », c’était la réponse du professeur Alfa Ibrahim Sow, un soir de 2003, à mon agacement face à l’apathie, le désintérêt de nos populations par rapport à notre lutte pour les sortir de ce système néfaste qui les écrase.

Toutefois, la frange de la jeunesse consciente ne doit pas baisser les bras. Dès le départ du dernier convoi des pèlerins, il faut relancer les manifestations citoyennes contre le carburant cher. Soyons persévérants dans la lutte, les forces du déclin de la Guinée ne doivent pas avoir le dernier mot.

Par Alpha Saliou Wann

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