Il n’y a pas de démocratie sans démocrates. Après notre indépendance en 1958, progressivement, c’est un pouvoir personnel qui s’est imposé sur le pays.
De Sekou Touré à Alpha Condé, c’est ce pouvoir absolu qui a écrasé les Guinéens, qui a anesthésié les élites du pays et qui a empêché la démocratie de prospérer réellement en Guinée. Ils ont utilisé tous les moyens pour confisquer la souveraineté nationale et l’expression libre, transparente et crédible du suffrage universel consacré dans nos constitutions de 1958, 1990 et 2010. Dans un pays où le chef de l’Etat contrôle tous les leviers du pouvoir de manière absolue, et où tous les exécutants de haut en bas de l’échelle se réfèrent préalablement à lui pour agir, il sera difficile de parler de démocratie, parce qu’un autocrate n’est pas démocrate.
Mais ce qui est dramatique dans notre cas, c’est d’avoir des autocrates qui n’ont aucune ambition pour eux mêmes d’abord, avant de parler du pays. Regardez dans quel état lamentable ils ont mis ce pays avec un potentiel si élevé, qui était promis à un avenir radieux. Ils l’ont dévasté comme si c’étaient les ouragans Irma et Harvey qui étaient de passage. Le pays est sinistré, ses populations ont perdu la force de l’espoir, sa jeunesse ne pense qu’à fuir par tous les moyens le calvaire quotidien.
Ailleurs, en Asie notamment, il y a eu des chefs autoritaires en Corée du Sud, Taïwan, Singapour, Malaisie ou Chine qui ont réussi au moins à développer économiquement leurs pays et heureusement certains ont permis l’ouverture démocratique. Que dire de nos chefs? La Guinée fait partie des 10 pays les plus pauvres du monde. C’est pas une accusation gratuite, car maintenant les Guinéens s’en rendent compte, la propagande érigée en mode de gouvernance n’y peut rien.
Avec Alpha Condé, il faut ajouter l’irresponsabilité. Le pays peut brûler, cela ne l’empêchera pas de voyager. Nous n’avons même pas besoin de citer les faits graves qui se sont produits en Guinée, qui n’ont suscité que son indifférence, son mépris pour les Guinéens. En ce moment , la région de Boké d’où est produit la bauxite qui procure à l’Etat, l’essentiel de ses revenus en devises, est à feu et en proie à une grave crise qui symbolise l’échec de plus de 50 ans de gestion de nos ressources minières, mais Alpha Condé n’en a cure, en poursuivant tranquillement son programme . C’est une insulte de plus au peuple de Guinée.
Mais comme il joue à l’indifférence face à la crise de Boké, que les jeunes poursuivent leur mobilisation pour empêcher toute exportation de bauxite de la région, nous verrons qui devra rendre des comptes aux multinationales. C’est lui qui a semé la zizanie en autorisant l’exploitation sauvage de la bauxite sans construction préalable des infrastructures portuaire et ferroviaire par les nouveaux entrants. Les populations ont vu débarqué de nouvelles sociétés avec expropriation de lecture terres agricoles et finalement, elles constatent que l’exploitation de la bauxite ne leur apporte que des désagréments, notamment la pollution de l’environnement, pas d’emplois, pas de services de base comme l’eau et l’électricité, ni des infrastructures comme des écoles et des centres de santé. A quoi bon accepter d’être les dindons de la farce? Les seuls bénéficiaires sont Alpha Condé et ses hommes de main et contrairement à ce qu’il affirme, c’est l’opacité qui règne dans le secteur minier.
Il est allé signer un accord secret avec la Chine sur nos minerais. Comment peut-on prétendre travailler pour le bonheur du peuple à son insu? Son refus obstiné de publier le document de l’accord est suspect, ça sent l’arnaque simplement. Alpha Condé, comme un torero, nous prend pour des taureaux, pour lui, il suffit qu’il brandisse le chiffon rouge des 20 milliards de dollars pour qu’on s’y jette aveuglement avec l’énergie du désespoir, puis avec quelques feintes, il va nous achever avec ses banderilles.
Nous avons eu sept ans, pour pouvoir comprendre, qu’il n’est qu’un « entrepreneur politique « , qui n’a que pour seul projet, la mainmise sur nos gisements miniers. Tous ses voyages à travers le monde, c’est pour vendre nos mines. Nous avons eu sept ans pour nous rendre compte, qu’il ne nous apportera rien de bon, à nous désormais, d’en tirer les conséquences.
Par Alpha Saliou Wann