Dans un rapport confidentiel du 27 juin, consulté par Jeune Afrique et RFI, les autorités militaires du Sénégal s’inquiètent d’un risque possible de déstabilisation de la Gambie à partir de la Mauritanie, de la Guinée-Bissau et de la Guinée. Les renseignements militaires sénégalais soupçonnent les partisans de l’ex président Yahya Jammeh, présents dans ces trois pays de vouloir « déstabiliser » leur pays en connivence avec leurs amis qui vivent toujours en Gambie.
Selon ce rapport, qui évoque des « informations non encore recoupées », près de 300 déserteurs de l’armée gambienne seraient présents en Mauritanie et en relation avec l’ancien président Yahya Jammeh, exilé en Guinée équatoriale depuis son départ de Gambie, le 21 janvier dernier. Toujours d’après ce document, ces ex-militaires gambiens « envisageraient de déstabiliser » leur pays d’origine.
Les renseignements militaires sénégalais s’interrogent également sur de possibles missions effectuées par des hauts gradés fidèles à Jammeh en Guinée-Bissau et en Guinée, deux autres pays où des « partisans » de l’ancien président gambien – notamment des « jungulers », qui constituaient des sortes d’« escadrons de la mort » du régime déchu – sont suspectés de s’être réfugiés après son départ.
S’inquiétant d’une hypothétique « jonction » entre ces pro-Jammeh basés à l’étranger et ceux restés en Gambie, le rapport affirme que ces informations, bien que non confirmées, « méritent d’être prises au sérieux ». Il demande donc à ses destinataires d’être vigilants face à une menace de déstabilisation « qui ne vise pas que la Gambie ».
Des menaces de déstabilisation « réelles » selon Mankeur Ndiaye
À Dakar, les autorités surveillent toujours de près la situation politique et sécuritaire en Gambie. Le 15 juin, à l’occasion d’une visite de son homologue français Jean-Yves Le Drian au Sénégal, le ministre sénégalais des Affaires étrangères, Mankeur Ndiaye, avait affirmé que les menaces de déstabilisation en Gambie étaient « réelles ». Interrogé par les journalistes, il avait toutefois refusé d’en dire plus sur ce sujet.
Avec Jeune Afrique