Pour Justin Tkatchenko, ministre des Affaires étrangères de Papouasie-Nouvelle-Guinée, le «manège» des COP a assez duré. La 29e conférence sur le climat se déroulera à partir du 11 novembre à Bakou, en Azerbaïdjan, et le petit pays d’Océanie a déjà prévu de ne pas y participer. Aux yeux du ministre papouasien, ce rassemblement n’est qu’un «manège qui a consisté à ne rien faire du tout» et qui revient à une «perte de temps totale». «Il ne sert à rien d’y aller si nous nous endormons à cause du décalage horaire, parce que nous ne ferons rien», critique encore le responsable, qui tire à vue sur les Etats responsables des émissions de CO2. «Les grands pollueurs du monde promettent des millions de dollars pour aider à lutter contre le changement climatique. […] Je peux déjà vous dire que tout cela va être confié à des consultants.»
Justin Tkatchenko assure que sa position est applaudie par les autres nations du Pacifique, particulièrement vulnérables aux effets du changement climatique. Ces Etats insulaires, comme Tuvalu et Kiribati, sont gravement menacés par l’élévation du niveau de la mer. En mai 2024, un vaste glissement de terrain a par exemple englouti un village entier de Papouasie et enseveli plus de 2 000 personnes dans le centre-est de l’île. Justin Tkatchenko continue son réquisitoire, déplorant que ces pays «n’ont bénéficié d’aucune attention ni d’aucune reconnaissance». Selon Rosanne Martyr de l’Institut Climate Analytics, les Etats du Pacifique ont déjà perdu «plus de 1 % de leur PIB en raison de la montée des eaux». Le 27 août, António Guterres, secrétaire général de l’ONU, avait lancé un «SOS mondial» face à la hausse du niveau de l’océan Pacifique lors du sommet du Forum des îles du Pacifique.
De nouvelles coopérations
L’île de Nouvelle-Guinée, dont l’Etat de Papouasie occupe la moitié orientale, abrite la troisième étendue de forêt tropicale de la planète. Elle possède également de vastes réserves d’or, de cuivre, de nickel, de gaz naturel et de bois. Des ressources mises en péril par les multinationales qui les convoitent, par le doublement de la population depuis 1980 et par l’intensification de violences tribales. Pour apporter des réponses aux problématiques qui touchent les îles du Pacifique, «la Papouasie-Nouvelle-Guinée cherchera plutôt à conclure ses propres accords sur le climat par le biais de discussions bilatérales», prévient le Tkatchenko . A ses yeux, coopérer «avec des pays aux vues similaires comme Singapour» est «100 fois plus» efficace que la COP.
La COP29 aura pour principal enjeu d’obtenir des pays riches, majoritairement responsables du réchauffement climatique, l’engagement d’augmenter l’aide aux pays pauvres pour lutter contre les causes et les effets du phénomène. L’aide actuelle est fixée à 100 milliards de dollars par an, et elle expire en 2025. Elle est considérée comme bien inférieure aux besoins. Le Climate Action Network, un collectif d’ONG, a récemment estimé qu’il faudrait «au moins mille milliards de dollars» d’aide.
AFP