L’accord de libre-échange européen a mis des décennies à se mettre en place. Aujourd’hui, l’Afrique espère pouvoir réaliser le même rêve mais dans des délais plus courts.
La zone de libre-échange continentale africaine a un énorme potentiel, elle couvre 1,2 milliard de personnes qui s’étend du Cap au Caire.
Cet accord signifie la libre circulation des biens, des services, voir du travail, dans plus de 50 pays africains.
L’enjeu serait de créer des dizaines de milliers d’emplois et de réduire considérablement le taux de chômage des jeunes sur le continent.
Le commerce entre les pays africains serait également stimulé et permettrait à terme de briser la dépendance économique envers les pays occidentaux.
Des craintes
Beaucoup de gouvernements africains sont plus qu’enthousiastes. Le département sud-africain du commerce et de l’industrie se dit « engagé dans une stratégie coordonnée afin de stimuler le commerce intra-africain et construire un marché intégré en Afrique ».
Quant au ministère du Commerce du Kenya, il évoque non seulement la création d’un énorme marché libéral, mais aussi l’amélioration de « la compétitivité au niveau de l’industrie et des entreprises », l’augmentation de »la valeur ajoutée des produits et (…) l’utilisation optimale des ressources ».
Mais l’accord rencontre déjà son premier obstacle.
Le poids lourd du continent, le Nigeria, n’a pas assisté à la cérémonie à Kigali. Dans un communiqué, le gouvernement nigérian a déclaré que « certains acteurs clés au Nigeria ont indiqué qu’ils n’avaient pas été consultés, et qu’ils avaient des inquiétudes concernant les dispositions du traité ».
Parmi ces acteurs clés, les syndicats. Ils sont sérieusement préoccupés par la zone de libre-échange. Pourquoi ? Car la libre circulation des travailleurs constituerait une menace pour les emplois nigérians.
Avec l’absence du Nigeria, des questions se posent concernant la mise en application de l’accord.
Les étapes
L’accord est signé mais quand sera-t-il mis en application ? Quand les premiers effets se feront-ils ressentir sur le terrain ?
Les premières mesures pour une coopération économique plus étroite seraient la réduction des tarifs commerciaux et des quotas d’importation afin de stimuler le commerce intra-africain.
L’étape suivante serait la création d’une union douanière. Le but : une meilleure harmonisation des tarifs douaniers.
Et enfin, l’instauration d’un marché commun, où les biens, les services et la main-d’œuvre pourraient se déplacer librement entre les pays.
Les relations commerciales avec le reste du monde relèveraient du bloc.
Une intégration plus poussée impliquerait une union politique et une monnaie unique.
Une forte demande
L’Union européenne a pris 50 ans pour construire sa zone de libre-échange.
Même si l’Afrique a déjà posé dans le passé les premières pierres d’une intégration économique, il reste encore tant à faire.
Le défi n’est pas des moindres. Le commerce intra-africain reste minoritaire (16%) contre 51% avec l’Asie et même 70% avec l’Europe.
De plus, la taille de l’Afrique, en terme aussi des pays signataires de l’accord de libre-échange, est une tâche considérable.
Lorsque le processus d’intégration de l’Union européenne a débuté au début des années 1950, seuls six pays étaient impliqués.
Plus de 60 ans plus tard, l’Union européenne compte 28 membres. L’Afrique en compte 54 pays.
La zone de libre-échange continentale africaine a donc encore du chemin à faire avant d’être parfaitement opérationnelle. Tout dépendra de la volonté politique des leaders du continent.
Mais ce qui est certain, c’est que cet accord est avant tout destiné aux citoyens africains qui devraient ressentir dans quelques années les bénéfices économiques. Une très bonne nouvelle en perspective.
Par la BBC