Un jour, comme toujours
J’ai cessé d’être.
J’ai cessé d’exister
Car dans mon âme ma langue est arrachée
Comme une poupée dans les mains d’un bébé.
Bébé tétant, bébé forgeant une langue impossible.
Pleur dans mon cœur quand la francité
Mis en cécité
Mon foulani.
Français, oh belle langue que je déteste !
Enfant noir, où est ta noirceur quand ta langue est blanche ?
Où est ta noirceur quand, à Kankan, le maninka
Est relégué au second plan
Où est ta noirceur quand Conakry devient Paris
Plus que Paris ?
Français, oh belle langue que je déteste !
Bien que je te parle,
Bien que je t’écrive
Mon désamour est là.
Il est là à Sonfonia,
Il est à Gamal, à Joal,
Il est aussi là à Ibadan, à Abidjan…
Il est dans les seins d’une mère qui allaite
Il est dans la rivière qui coule et calme
Il est dans la forêt qui fredonne
Il est il est…
Ah horrible dominateur !
Un jour tu es venu toubab,
L’autre jour tu es parti.
Hélas ! En allant tu jetas ta langue
De champignon dans ma plaine.
Quelle peine, quelle peine !
Français, oh belle langue que je déteste !
Combien de temps faudra-t-il encore pour que je me relève ?
Alpha Abdoulaye Diallo, journaliste-poète
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