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Arrestations massives à Koundara : Amnesty International dénonce le pouvoir d’Alpha Condé

Les autorités guinéennes doivent libérer des responsables et  militants de l’opposition n’ayant pas eu recours à la violence, et respecter le droit à la liberté d’expression dans la campagne électorale en cours, a déclaré Amnesty International jeudi 24 septembre 2015.

A la suite de violents affrontements le 19 septembre dernier, entre des manifestants rivaux dans la ville de Koundara au nord du pays, des activistes et responsables politiques ont été raflés par les forces de sécurité alors que plusieurs d’entre eux n’ont pas eu recours à la violence et ont tenté de calmer la situation.  Le même jour, le syndicaliste et militaire à la retraite Jean Dougo Guilavogui ayant publiquement déclaré son opposition au parti au pouvoir, a également été arrêté à son domicile à Conakry. Il est en détention sans avoir été inculpé.

« L’arrestation d’une personne pour avoir exprimé son opinion en période électorale constitue une violation intolérable du droit à la liberté d’expression. A l’approche des élections, les autorités guinéennes doivent mettre en place les conditions permettant aux citoyens d’exercer leur droit à la liberté d’expression sans crainte de représailles,» a déclaré Francois Patuel,  chercheur sur l’Afrique de l’Ouest chez Amnesty International.

En Guinée, la loi  prévoit que la détention préventive ne peut excéder 48 heures, sans l’autorisation d’un procureur ou d’un juge d’instruction. Ce qui n’est pas le cas pour Jean Dougo Guilavogui qui est atteint de troubles cardiaques et n’a pas accès à un traitement médical adéquat. Lors de son interrogatoire en présence de son avocat, les officiers de gendarmerie lui ont reproché son engagement, ses prises de positions politiques en public et ses revendications syndicales.

Amnesty International considère Jean Dougo Guilavogui, comme un prisonnier de conscience et demande sa libération immédiate et inconditionnelle.

Au cours des affrontements entre militants de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG, opposition) et partisans du Rassemblement pour le peuple de Guinée (RPG, pouvoir), deux maisons ont été mises à sac avant d’être brûlées et plusieurs personnes blessées, y compris un enfant de 15 ans ayant reçu une pierre dans l’œil. Selon des témoignages recueillis par  Amnesty International plusieurs responsables de l’opposition arrêtés n’auraient pas pris part à ces violences et auraient appelé le reste des militants au calme.

Ces membres de l’opposition ont été inculpés pour incendie volontaire, destruction d’édifices publics et coups et blessures volontaires, et sont détenus à la prison centrale de Boké située à 250 Km de leur lieu d’arrestation, loin de leurs familles, et sans accès à des avocats. Certains d’entre eux, souffrant de maladie, n’ont également pas  accès aux traitements médicaux dont ils ont besoin.

« Une enquête impartiale doit être ouverte pour faire la lumière sur tous les actes de violence notés à Koundara, les responsables identifiés et traduits en justice. Les autorités doivent aussi veiller à ce que ceux qui sont arrêtés alors qu’ils n’avaient rien à voir avec les actes de violence soient immédiatement libérés», a déclaré François Patuel.

«   Les autorités doivent garantir les droits humains de tous, indépendamment de leurs opinions politiques, et les protéger contre les arrestations arbitraires. De leur côté, les responsables de partis politiques et leurs militants doivent s’assurer que leurs réunions et manifestations restent pacifiques. »

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