Amadou Djoulde Bah, rescapé de Soronkoni, toujours menacé

 « C’était à la veille d’une manifestation du front national pour la défense de la Constitution ((FNDC),  le 13 novembre 2019. Ce jour-là, dans la nuit aux environs de 22h, je suis sorti acheter du pain à la boulangerie. A mon retour je suis tombé sur une patrouille des agents de la Cmis de Bambeto. Sans rien me demander, ils m’ont immédiatement arrêté et embarquer dans leur véhicule. Dans la voiture il y avait d’autres jeunes. Alors que ma famille négociait pour ma libération, moyennant de l’argent, ils nous ont tous embarqué la nuit dans un camion sans rien nous dire. Quand le camion a roulé plus de 3 h, on a compris qu’on était plus à Conakry. » C’est ainsi que Amadou Djoulde Bah, diplômé en droit public commence son récit, retraçant l’enfer qu’il a vécu au camp de Soronkoni, situé à Kankan, en Haute Guinée.

Très actif, Amadou Djoulde Bah a payé cher pour son engagement pour la démocratie et la bonne gouvernance en Guinée. Avec ses compagnons d’infortunes, il explique avoir été roué des coups durant tout le trajet qui a duré plus de 24 heures, avant d’arriver à Soronkoni, devenu le nouveau camp Boiro guinéen.

« On nous a fait descendre dans ce qui ressemblait à un camp militaire et on nous a ensuite enfermé dans une cellule très sombre et très sale. La chaleur et la puanteur étaient insupportables. Nous sommes restés cette nuit sans manger ni boire », raconte-t-il en larmes à notre reporter. Le lendemain, poursuit-t-il, on nous a apporté 3 bols de riz et de l’eau pour une trentaine de personnes. Sur place nous avons trouvé une centaine d’autres jeunes. ‘’C’est par eux que j’ai appris que nous étions à Soronkoni’’, explique-t-il, soulignant que certains d’entre eux étaient là depuis plusieurs mois.

« Les militaires nous faisaient travailler presque tous les jours. On balayait, on coupait les herbes, on nettoyait leurs toilettes ». Mais c’est après trois mois  que le véritable supplice a commencé pour lui.

« La première fois des bérets rouges sont venus nous chercher. Ils nous ont amené dans la cour et nous ont intimé de nous coucher, puis ils ont commencé à nous frapper avec des bâtons ». Ça a continué durant toutes les semaines qui ont suivi, dit-il. « Je ressens aujourd’hui encore des douleurs au dos quand je fais une activité physique un peu intense », narre-t-il, en touchant un peu partout son corps.

« Les injures à caractères ethniques étaient quotidiennes .Ils nous disaient : ‘’ Vous n’êtes pas des Guinéens, vous n’allez jamais diriger ce pays. Si vous voulez dirigez un pays, allez-y en Ethiopie’’.

Après cinq mois de supplices, il a été finalement relâché le 28 mars 2020. « Ce jour-là, ils nous ont embarqué dans un camion et ramené à Conakry. Ils nous ont fait descendre au Kilomètre 36 ».

Aujourd’hui  je suis revenu chez moi et je continue  mon combat au sein du FNDC,  mais j’ai décidé de rester discret, dit-il, expliquant qu’il continue toujours de recevoir des menaces de mort.

Par Mariam Bâ

guinee28
guinee28https://guinee28.info/
Guinee28.info est un site d’informations générales et d’analyses sur la Guinée. Il couvre au quotidien l’actualité en toute indépendance et impartialité. Il offre aussi à ses lecteurs un débat d’idées, favorisant l’établissement d’une culture démocratique. Vous êtes annonceurs ? Vous voulez publier un article sponsorisé ? Nous contacter: alfaguinee28@gmail.com

Les plus populaires

Articles Liés