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Alpha Condé, un « chouchou de la Françafrique » Tierno Monénembo

L’opposition croit trop en la communauté internationale, cette mafia sicilienne qui aide Alpha Condé à affûter le couteau acheté pour lui couper la gorge

En  Afrique, les comédies électorales  sont encore plus cocasses que les pitreries de Bokassa et d’Amin Dadda. On y meurt de rire au sens littéral du terme puisque hélas, les larmes de sang y submergent au moindre mouvement de foule celles, de joie. Les dernières présidentielles guinéennes en sont un exemple  édifiant en dépit du parti-pris de ceux-ci et de la fabulation de ceux-là.

Mais peut-on parler de mascarade quand le match est truqué d’avance, le score affiché avant l’ouverture du stade et le nom du vainqueur connu avec ou sans bulletin de vote ? Non, il n’y a eu ni problèmes techniques ni irrégularités dans cette élection. Tout a été programmé dans le moindre détail et avec un cynisme à faire frissonner la dépouille de Machiavel. Dès 2014, les ministres, les préfets, les sous-préfets ont reçu l’ordre de faire passer Alpha Condé coûte que coûte et dès le premier tour. Ils savaient, les pauvres que leur carrière dépendrait non pas de leur compétence mais du zèle qu’ils mettraient à s’y exécuter.

Monsieur Alpha Condé était « si sûr de sa victoire » qu’en violation de la loi, il a catégoriquement refusé que les élections municipales se passent avant les présidentielles. Normal, des délégués désignés par le pourvoir sont bien plus accommodants que des énergumènes bénéficiant de la légitimité des urnes ! Il était « si sûr de sa victoire », ce chouchou de la Françafrique, qu’il s’est opposé à l’assainissement de la liste électorale pourtant manifestement truffée d’erreurs et de malversations. Il a fait distribuer les cartes du même nom en fonction des bureaux de vote. Le taux de participation le prouve : plus de 90% dans les fiefs qui lui sont favorables, parfois moins de 40% ailleurs. Dans certains cas, à peine dix électeurs pouvaient effectivement voter.

Mais tout cela ne pouvait suffire tant la tâche s’avérait ardue au vu du bilan morose de son quinquennat. Pour que le tour fût joué, il fallait aussi distribuer des pots de vin, bourrer les urnes et surtout virer les petits curieux de l’opposition des bureaux de vote les plus sensibles. Bref, rien de nouveau dans le paysage politique africain malgré le discours de La Baule et les conférences nationales, malgré les nombreux martyrs de Conakry, de Ouagadougou et d’ailleurs ! Les élections d’aujourd’hui ont la même couleur et la même odeur qu’au temps de Mobutu, de Sékou et d’Eyadema. Les mêmes méthodes : l’ethno-stratégie et la fraude ! Le même discours : les fausses promesses et la calomnie ! Le même stupéfiant résultat : des scores à la soviétique.

A l’heure où nous écrivons ces lignes, les médias prévoient déjà un triomphe avoisinant les 60%. Ce qui serait tout simplement ridicule si l’on n’était en Afrique où justement le ridicule -dans les allées du pouvoir tout au moins- est si naturel qu’il tue dix fois plus que les épidémies.

Tout le monde (que l’on soit citoyen ou diplomate, journaliste ou politologue) sait que la configuration actuelle de l’électorat guinéen ne permet à personne (fût-il Alpha Condé ou Cellou Dalein Diallo !) de l’emporter régulièrement au premier tour. Nous sommes en 2015 ! Pinochet est mort ! Le mur de Belin est tombé ! Pol-Pot n’est plus ! Les systèmes politiques du monde entier convergent vers la démocratie, c’est-à-dire vers la relativité du pouvoir ! Aujourd’hui, une élection au premier tour est forcément suspecte et celle à 60%, simplement abjecte !

Il faut être vraiment  cinglé pour imaginer le contraire ! Je ne sais pas si Alpha Condé est cinglé mais il est manifeste que comme tous les enfants gâtés, il n’a aucun sens des réalités. Oui, Alpha Condé est un enfant gâté ! Il est convaincu, le bougre, qu’il peut tout se permettre puisqu’il a l’armée avec lui, la Ceni et la Cour Suprême sous ses ordres, et cette funeste communauté internationale à ses petits soins. Il peut brûler le pays, falsifier la mémoire, démanteler les ethnies et même brûler le pays. Il sait qu’il a plein de chefs d’Etat véreux, de diplomates galeux et de journalistes lèchent-culs pour le couvrir et changer ses plus belles conneries en miracles de Lourdes.

Cette imposture électorale ne découragera personne, elle ne remettra pas en cause notre unité nationale multiséculaire et notre sens renommé de l’histoire. Alpha Condé et sa mafia internationale n’aiment ni les Malinkés ni les Peuls, ni les Soussous, ni les Guerzés, ni les Tomas ni les Kissis etc. C’est notre bauxite qu’ils convoitent. C’est notre mort collective qui les intéresse.

Non, mes chers compatriotes, ce jour n’est pas un jour de deuil. C’est le  matin d’un soleil nouveau où conscients du terrible danger qui nous guette, et des monumentales erreurs du passés, tous les Guinéens sont déterminés à changer leur sort dans l’unité et dans la paix autant que cette noble idée animera le camp adverse.

Beaucoup d’entre nous aurons malheureusement tendance à mettre cette simili-défaite sur le dos de l’opposition. Ces serait commettre une grave erreur. Partout où nos opposants se sont déplacés pour faire campagne, il n y a eu ni guerre ethnique ni chien écrasé. Au contraire à Nzérékoré comme à Conakry, c’est Alpha Condé soutenu par la mafia internationale qui a orchestré les violences. Par chance, l’histoire, aujourd’hui est filmée et tôt ou tard, tout cela sera enregistré dans la mémoire de nos descendants.

Je dois le reconnaître, notre opposition n’est pas idéale. Elle a un défaut, un gros défaut : elle est trop légaliste, trop démocrate dans un pays où ces notions passent pour des billevesées dans le camp présidentiel.

Oh, j’allais oublier, elle a un défaut encore plus grave à mon goût : elle croit trop en la communauté internationale, cette mafia sicilienne qui aide Alpha Condé à affûter le couteau acheté pour lui couper la gorge.

La Guinée est une République libre et indépendante. Elle ne sera jamais la salle de bain ni des puissances nucléaires ni des douteuses officines de New-York, d’ Haarlem ou d’Addis-Abeba.

Chers frères opposants, fermez la porte à cette saloperie d’internationale bureaucratique, tournez-vous vers votre peuple. Il n’existe pas d’autre solution quand on se trouve en face de gens sans vergogne, qui ne respectent rien : ni la loi ni la vie humaine, rien que leurs sordides intérêts.

C’est ce qu’a fait De Gaulle devant les nazis. C’est ce qu’a fait l’Algérie devant le colonisateur français. C’est ce qu’a fait la Tunisie devant Ben- Ali. C’est  ce qu’a fait le Burkina devant Compaoré.

 

 

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