Le monde des affaires est en deuil avec le départ d’Elhadj Mohamed Habib Hann, une figure emblématique dont l’influence sur le patronat est incommensurable. Ancien président du Conseil National du Patronat Guinéen et vice-président de la Confédération Générale des Entreprises de Guinée, il a consacré sa vie à promouvoir une économie dynamique et inclusive. Son décès, survenu le 4 avril 2025, à l’âge de 66 ans, laisse un vide considérable, mais son héritage et son engagement continuent d’inspirer tous ceux qui aspirent à bâtir un avenir meilleur pour la Guinée.
Il existe des hommes dont la trajectoire transcende les contours de leur existence, et dont l’œuvre, patiemment construite dans la discrétion et la constance, devient un legs pour la nation tout entière. Elhadj Mohamed Habib Hann était de cette trempe rare, de ces figures qui marquent l’histoire sans bruit, mais avec une profondeur inaltérable.
Par la force du courage, de la foi et d’une vision mûrie au fil du temps, il a bâti bien plus qu’un empire entrepreneurial. Il a incarné un idéal guinéen fait d’honneur, de rigueur, de fidélité et de progrès partagé. Issu d’une lignée noble de Dinguiraye, il a hérité très tôt de la lourde mission de poursuivre une tradition économique et morale, forgée par le labeur de son père et ancrée dans les valeurs de la Tidjaniyya.
Encore adolescent, il quitte les bancs de l’école pour épauler son père et préserver l’héritage familial. Ce choix, loin d’être un renoncement, fut le point de départ d’une ascension remarquable, éclairée par la discipline, la lucidité et un sens du devoir rare. « Je viens de loin », aimait-il dire. Mais ce « loin », il l’a transformé en un sommet. Car Elhadj Hann a su, à chaque étape de sa vie, métamorphoser l’adversité en opportunité, l’épreuve en tremplin. Il n’a jamais cessé d’élever les autres avec lui, de fédérer les volontés et de transmettre les clés de l’excellence.
À la tête de structures majeures, il s’est imposé comme un stratège hors pair du développement économique, un capitaine d’industrie respecté, un architecte de la modernisation du secteur privé guinéen. Dans les domaines du transport, des hydrocarbures, des mines, des assurances et de la logistique, son empreinte est durable, presque tutélaire.
Un pionnier, un repère, une conscience
Son œuvre dépasse les chiffres et les bilans. Ce qu’il a incarné, c’est un style, une rigueur, une foi en la souveraineté économique nationale. Il a œuvré sans relâche à l’unification du patronat, au dialogue social et à la valorisation des compétences locales. Il fut ce lien essentiel entre les sphères économiques nationales et les partenaires internationaux, ce trait d’union qui rassure, anticipe et construit.
Mais au-delà du bâtisseur, c’est l’homme que nous pleurons aujourd’hui. Un croyant sincère. Un patriote discret. Un esprit juste. Habib Hann, c’était cette voix calme mais assurée, ce regard porteur de confiance, cette main tendue dans l’ombre. Il avait l’élégance du silence et la puissance de l’action.
Aujourd’hui, la Guinée perd un pionnier, un repère, une conscience. Mais elle gagne un modèle. Son nom se grave dans la postérité, non par un culte de la personnalité, mais en raison de l’immensité de son héritage, qui saura inspirer les jeunes et les bâtisseurs de demain.
Par Alpha Abdoulaye Diallo, in Le Populaire