Blanchir la violence est un précédent dangereux pour la justice guinéenne et l’image du pays. Le fait que le gouvernement se mêle pour réconcilier un couple dont la violence physique a séparé interroge sur la bonne santé judiciaire du pays. Non seulement, les autorités banilisent les VBG, du moins celle-ci, mais elles semblent donner quitus à une catégorie de personnes à commettre pareil délit.
Sinon, comment comprendre que durant tout ce temps après cette révélation, qu’aucun procureur n’a pu s’auto-saisir pour faire comprendre à l’opinion publique que la violence conjugale est intolérable, surtout lorsqu’elle est commise par des grandes personnalités, pourtant censées incarner le respect du droit de la femme et du droit humain ? Que fera-t-elle désormais si un citoyen ordinaire, ignorant du droit, commettrait un tel crime? Laisser le ministère de la culture, de la jeunesse ou de l’action sociale…,gérée le problème à l’amiable ? Si oui, à quoi servirait-t-elle désormais?
Vouloir tout politiser à outrance réduit le pays banal et rend l’existence de la justice amorphe et sélective.
Oui, au nom de la politique Azaya et Bintou se pardonnent devant les caméras, mais devant l’opinion, le couple demeure violent et malheureux. La mélodie d’Azaya, quoi que douce, n’y changera rien. L’artiste n’est plus un modèle d’amour. Il est plutôt le contraire de ce qu’il chante. Quant à Djelikaba Bintou, en cédant à la compromission, elle se compromet. Elle réduit son courage au néant et rend désormais son chagrin inaudible! En refusant la justice au nom de l’intérêt de la culture et de la musique guinéenne, elle rend d’autres femmes plus vulnérables et son milieu toxique.
Helas! Cela se passe au moment où, à Kankan, Bangaly Traoré est condamné à perpétuité pour le meurtre d’une femme, Adama Traoré, qu’il prétendait aimé pourtant !
Comparaison n’est pas raison me dirait-on, mais si au nom de l’amour Bangaly a tué la pauvre Adama ! Cest au de nom de l’amour que Azaya a battu Djelikaba Bintou ! D’un côté comme de l’autre, on ne négocie pas la violence, on rend justice !
Par Alpha Abdoulaye Diallo, Guinee28