Les chefs d’État des pays membres de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) ont décidé, samedi 24 février, de lever une partie des sanctions contre le Niger, a annoncé à Abuja le président de la Commission de l’organisation régionale.
La Cédéao « a décidé de lever avec effet immédiat » les plus lourdes sanctions imposées au Niger depuis la prise du pouvoir à Niamey d’un régime militaire qui a renversé le président élu Mohamed Bazoum en juillet, a annoncé Omar Alieu Touray, le président de la Cédéao.
Les frontières et l’espace aérien nigérien seront rouverts, les transactions financières entre les pays de la Cédéao et le Niger de nouveau autorisées, et les avoirs de l’État nigérien dégelés, « pour des raisons humanitaires », a-t-il encore déclaré.
« Des sanctions individuelles et politiques restent en place », a-t-il ajouté sans donner plus de précisions.
Le président de la Cédéao a également réclamé « la libération immédiate » du président nigérien déchu Mohamed Bazoum, détenu avec son épouse par le régime militaire depuis sept mois.
Le Mali, le Burkina Faso et la Guinée, également dirigés par des régimes militaires et sous le coup de sanctions de la Cédéao, ne sont pas concernés par ces annonces.
« Revoir notre approche »
L’organisation régionale avait convoqué samedi un nouveau sommet extraordinaire pour discuter de « la politique, la paix et la sécurité dans la République du Niger », a-t-elle annoncé la veille dans un communiqué, ainsi que « les récents développements dans la région ».
« Nous devons revoir notre approche quant au retour de l’ordre constitutionnel chez quatre de nos pays membres », avait déclaré en introduction le président nigérian Bola Ahmed Tinubu, qui assure la présidence de la Cédéao, en référence au Mali, au Burkina Faso, au Niger et à la Guinée.
Ces sanctions ont durement éprouvé le Niger, pays sahélien où le taux de pauvreté extrême dépasse les 40 % selon la Banque mondiale.
La Cédéao avait d’abord menacé le nouveau régime à Niamey d’une intervention militaire, avant de faire marche arrière.
Le Niger, le Mali et le Burkina Faso, qui ont notamment tourné le dos à la France et se sont rapprochés de la Russie, se sont regroupés au sein d’une Alliance des États du Sahel (AES) et ont annoncé en janvier leur intention de quitter la Cédéao.
Mi-février, le chef du régime militaire nigérien, le général Abdourahamane Tiani, a évoqué la possible création d’une monnaie commune avec le Burkina Faso et le Mali, comme une « étape de sortie » de la « colonisation ».
L’annonce du retrait burkinabè, nigérien et malien de la Cédéao suscite l’inquiétude de centaines de milliers de ressortissants de ces pays, particuliers et commerçants. La Cédéao garantit en effet aux citoyens des 15 pays membres de pouvoir voyager sans visa et de s’établir librement dans les pays membres pour y travailler ou y résider.
« Réconciliation »
La dernière réunion des membres de la Cédéao remontait au 9 février, date à laquelle ils avaient appelé à une « réconciliation » avec les régimes militaires du Niger, du Mali et du Burkina Faso, et les avaient exhortés à rester dans le bloc régional.
La Cédéao est également mise à l’épreuve par la crise politique que connaît le Sénégal depuis le report de l’élection présidentielle par le chef de l’État Macky Sall, mais ce sujet n’a pas été mentionné samedi.
Le président sénégalais, qui n’avait pas assisté au précédent sommet, est cette fois-ci présent, deux jours après avoir annoncé qu’il achèverait son mandat à l’expiration de celui-ci, le 2 avril, mais sans avoir fixé de nouvelle date pour l’élection présidentielle.
Le scrutin devait initialement se tenir le 25 février, mais le président Macky Sall l’a repoussé début février, plongeant le Sénégal dans l’une des pires crises politiques de son histoire post-indépendance, suscitant de vives préoccupations dans les rangs de la Cédéao.
AFP