Le cuir-rond est sa passion, son passe-temps favori. Il a été ailier droit et gauche dans l’équipe de football de Mali et de Sarébhoidho. Mais le destin a fait de lui un enseignant respecté par ses pairs et les parents d’élèves. Puis un journaliste, correspondant de l’Agence guinéenne de presse à Mali, devenu une légende vivante de la radio nationale.
A l’occasion de la célébration de la Journée internationale de la radio célébrée lundi 13 février 2023, Le Populaire est allé mander la bénédiction de Néné Fouta, la paréidolie du Mont Loura (1 515 mètres d’altitude), pour présenter ce brillant journaliste à la retraite, plein d’énergie et de motivation. Un footballeur professionnel de niveau local, un enseignant respecté par les acteurs du secteur et une voix radiophonique connue et reconnue sur toute l’étendue du territoire national et au-delà des frontières guinéennes.
Excellent début de carrière
Ses débuts et sa carrière dans la presse guinéenne ont été possibles grâce un concours de circonstances favorables. Ibrahima Kindi Mabel Diallo est à la retraite depuis 2019. Il a exercé le métier de journaliste de la mi-novembre 1976 à avril 1984 en qualité de correspondant de «La Voix de la révolution, appellation de la Radio Guinée sous le régime Sékou Touré.
En 1985, quelques mois seulement après la prise du pouvoir par l’armée sous la conduite du colonel Lansana Conté (le 3 avril 1984), Mabel reçoit un télégramme l’informant que les correspondants de «La Voix de la révolution» sont désormais de l’Agence guinéenne de presse.
L’année suivante, en 1986, il bénéficie d’une formation en journalisme avec l’appui et le soutien l’ACCT (Agence de coopération culturelle et technique, ancêtre de l’Agence française de développement) et de RFI (Radio France internationale).
La formation est dispensée à Labé par des journalistes de renom en écriture journalistique à l’intention de 8 correspondants provinciaux. Parmi eux, Bernard Chauffeur, rédacteur en chef de RFI, par ailleurs auteur du scoop de la démission du ministre de l’Information Jean Claude Diallo. Le directeur général de l’Agence guinéenne de presse (AGP), Thierno Djiby Thiam. Pour l’écriture radiophonique, l’autre légende vivante de la radio, Odilon Théa.
La grande voix de «La Voix de la révolution», puis de l’AGP-Mali sur la radio nationale, se rappelle. «C’est Thierno Madiou Bah qui a plaidé pour que les autres préfectures de la province du Mali, Tougué, Koubia, etc., puissent en bénéficier. Ainsi que 8 correspondants préfectoraux. Ce qui a fait le nombre à 16 correspondants. Par la suite, j’ai bénéficié d’autres formations ».
Mabel a été de plusieurs rendez-vous professionnels de l’information de 1990 à 2017. Dans ses souvenirs, il lui revient de rendre grâce à Dieu et de bénir avec une grande intensité de joie son bienfaiteur, Sidy Lamine Barry.
Ce dernier est le père de Mamoudou Nangnalen Barry, actuel ministre de l’Agriculture qui a placé sa confiance en lui en novembre 1976. A l’époque, en sa qualité de Directeur préfectoral de l’Education de Mali, M. Barry était à la recherche d’un professeur pour devenir le correspondant local de la Voix de la Révolution. Il souhaitait avoir quelqu’un dont le profil d’instituteur ordinaire pourrait convenir au poste.
Mabel enseignait à l’Ecole primaire de Mali 2 à Mali centre. Il n’avait pas ce profil. Mais avait la réputation de parfait locuteur de langue française. Après avoir consulté et recueilli plusieurs avis, M. Barry décide de l’approcher. Il jette son dévolu sur l’instituteur ordinaire Mabel : « C’est comme ça que je suis devenu journaliste. Depuis 1976, je sers mon pays ici à Mali commutativement à ma tâche d’enseignant».
En 2010, il fait valoir ses droits à la retraite au niveau de l’éducation. Par contre, il continue à exercer son métier d’agencier et correspondant de la radio nationale. Mabel participe régulièrement à l’animation du «Magazine de 22 heures’’ de la radio nationale. Mais en 2019, à cause du rhumatisme dont il souffre depuis quelques années, le plus célèbre journaliste radio de Mali se replie dans la cité de Yimbering, une cuvette où il fait moins froid qu’à Mali-centre.
A partir de là, Mabel suit son traitement médical. Il lui arrive par à-coup de parcourir en taxi-brousse les 700 km qui séparent Mali de la capitale Conakry pour ses rendez-vous médicaux chez le Dr Barry, un spécialiste, basé à l’hôpital national Ignace Deen.
En tête des meilleurs de l’AGP
Dans la bonne pratique du métier en Guinée, Mabel est une voix qui compte parmi les meilleures références. Il est le premier fils de Mali dont la voix est écoutée durant des décennies dans les quatre horizons du pays. C’est sa plus grande richesse.
Son confort professionnel, il le trouve aussi dans le rajout de Mabel à ses prénoms Ibrahima Kindi. Ce défi, il se l’est donné dès les premières années de sa scolarisation en 1956 quand il a découvert que ni l’état civil ni l’administration scolaire n’avait mentionné cela dans ses documents personnels. Il est aujourd’hui fier d’avoir popularisé le nom de son homonyme qui serait venu du Niger.
Signe particulier de réussite professionnelle par les temps où succès ne rythmait pas toujours avec aisance matérielle ou récompense financière, son nom en tête du tableau d’honneur du 4 mars 2005 célébrant les 50 correspondants préfectoraux et régionaux et du desk central de l’AGP.
Par modestie, ce Peul bon teint n’en parle à tout va. Il est pourtant le meilleur de sa génération. Il a servi en tant que journaliste les régimes successifs de Sékou Touré à Alpha Condé sans avoir été sanctionné une seule fois pour une faute professionnelle.
Le factuel
Dans l’exercice du métier, Mabel se rappelle qu’il lui revient toujours à l’esprit le principe selon lequel, les faits sont sacrés, le commentaire libre. «Avec l’aide de Dieu, et notre éducation familiale, assure-t-il, j’ai cherché à accumuler les leçons apprises lors de ma formation à Labé et à travailler dans l’objectivité et la responsabilité en ayant pour socle de ne dire que ce qui est vrai et vérifiable.»
Pendant toute sa carrière, ce prince du micro a évolué dans les environs du mont Loura. Il est resté esclave des faits. Il s’est fait le devoir de ne donner l’information qu’après l’avoir vérifiée. Avec lui, les acteurs et intervenants avaient chacun leur mot à dire. Il lui arrivait même de se prêter à leurs dictées afin que leur part de vérité soit exactement authentifiée par eux-mêmes et le plus souvent devant témoin.
Pour la simple raison qu’à «ce niveau, dit-il, j’ai refusé que les préfets signent à ma place». Par formation et par expérience, Ibrahima Kindy Mabel Diallo s’est forgé la réputation de correspondant ininfluençable par les administrateurs territoriaux qui se sont succédé à Mali et travaillant selon les règles du métier.
«Je n’étais pas à la place de leur chef du protocole. Parce que Bernard Chauffeur nous disait qu’il faut être à distance du griotisme et ne pas faire de commentaire. Cela consiste à aller à l’essentiel. Être concis et précis. Toujours recouper l’information, vérifier les sources, et confronter les acteurs en contradiction. C’est-à-dire, donner l’information sans commenter. En prenant en compte qu’un mot donné l’information, sur trente mots, on ne peut retenir que dix mots», enseigne Ibrahima Kindi Mabel Diallo.
Très courtois envers tout le monde, le journaliste Mabel est resté professionnel. Ce journaliste digne d’être cité en matière de travail bien élaboré passe son temps favori à réaliser son projet de livre sur l’histoire de Mali-Yimbering d’hier, d’aujourd’hui et de demain.
Avec un accent particulier sur le leadership de Thierno Chérif, le chef du Canton auquel Yimbering tient son rayonnement intellectuel actuel. Ensuite, sur son expérience de journaliste à Mali qui a couvert des événements dans presque toutes les villes, villages et hameaux de cette zone située aux pieds du Mont Loura.
Et des anecdotes sur le jeune Mabel qu’il fut, sociétaire de l’équipe de football de la Section de Yimbering en tant qu’ailier gauche et droit. Ses années d’études à Pita et ses débuts d’enseignant dans la cité de Koudtan à Sinthaian-hoggo où il a appartenu à l’équipe de football de Sarébhoidho à Koundara.
Célébrissime voix de la radio, légende vivante du journalisme de qualité, et aussi l’homme du Prix Agate 2006 en sa qualité d’initiateur et directeur du Centre de réinsertion des jeunes filles de la commune urbaine de Mali, Ibrahima Kindy Mabel Diallo a fait le choix de vivre une retraite confortable d’enseignant et de journaliste à Yimbering.
L’homme que l’on voit sur la photo, coiffé d’un Poutoh, le bonnet multicolore peul foutanien, a célébré la Journée mondiale du radio entouré de la tendresse et l’affection des siens, sous la bénédiction de la paréidolie Néné Fouta, la belle Dame du Mont Loura.
Par Alpha Abdoulaye Diallo (avec l’aimable entremise du journaliste Lamarana Yembéring Diallo)