Pour mettre fin à leurs souffrances, 600 migrants demandent à être euthanasiés

Six cent réfugiés du Centre de traitement régional de l’île de Manus en Papouasie-Nouvelle-Guinée ont demandé à être euthanasiés afin de mettre fin à leurs souffrances. Ce centre, qui dépend de l’Australie, n’est pas le seul à offrir des conditions de vie déplorables aux demandeurs d’asile. Canberra est régulièrement critiqué pour sa politique de l’immigration, mais reste droite dans ses bottes.

Ils préfèrent mourir que de rester là. Quelque 600 réfugiés de l’île de Manus en Papouasie-Nouvelle-Guinée*, ont signé une lettre ouverte dans laquelle ils demandent à être euthanasiés collectivement plutôt que de continuer à être quotidiennement «torturés et traumatisés». Sachant que ce centre abriterait environ 900 demandeurs d’asile, ce désespoir concerne au moins les deux tiers de la population. La lettre, mise en ligne lundi par l’avocat spécialiste de l’immigration Julian Burnside, est atterrante. Ces migrants appellent le Premier ministre australien, Malcolm Turnbull, et son ministre de l’Immigration, Peter Dutton, à les conduire sur un «navire de la marine» pour les «jeter dans l’océan», ou «dans une chambre à gaz», ou à leur faire une «injection» létale…

Ils rappellent avoir demandé de l’aide à plusieurs reprises –ils ne souhaitent qu’être libérés pour reconstruire leur vie-, et n’avoir eu aucune réponse. Ils font valoir qu’ils coûtent très chers aux contribuables australiens. «Nous sommes en train de mourir à petit feu à Manus», désespèrent-ils. «Et aucun pays sûr ne nous offre une protection.» Un réfugié se présentant à «Vice Australia» comme étant l’auteur de la lettre a rapporté : «Les services de l’Immigration nous ont dit qu’aucun pays ne voulait de nous.» Alors quand ils ont compris qu’ils allaient rester là, dans ces conditions, jusqu’à la «fin de (leur) vie», ils se sont dits : «pourquoi ne nous tuent-ils pas, plutôt ?»

«J’aurais préféré mourir noyé»

Il y a quelques mois, cet homme, Iranien, s’était déjà confié à «Vice», racontant son triste quotidien, fait de violence, d’ennui et de chaleur insupportable, le tout sans aucune perspective. Il avait déjà dit regretter que son embarcation ait été secourue. «J’aurais préféré mourir noyé et ne pas être dans cette misère.» Plusieurs détenus sont morts sur l’île de Manus, d’infections tropicales ou même de violences. Une situation qui a suscité les critiques de plusieurs ONG de défense des droits de l’Homme. Autorisée à visiter le camp en novembre 2013, Amnesty International Australie avait ainsi publié en décembre un rapport affligeant sur les conditions de vie «cruelles» du camp de Manus, similaires à «un régime de type carcéral». L’organisation avait notamment pointé du doigt les conditions d’hygiène déplorables dans des «locaux surpeuplés». A la suite de ce rapport, l’ONU avait dénoncé une politique «inhumaine» et «illégale».

La politique de l’Australie en matière d’Immigration est régulièrement pointée du doigt. Le gouvernement de Canberra rétorque que son but est de dissuader les clandestins de rejoindre ses côtes dans des embarcations de fortune, afin d’éviter qu’ils se noient. Les autorités sont carrément accusées d’intercepter et de reconduire au large les barques qui s’approchent de ses côtes. Le gouvernement reconnaît d’ailleurs qu’aucun bateau de migrants n’a réussi à accoster dans son pays en 2015. La dernière arrivée massive remonte à juin 2014, quand 157 réfugiés avaient été interceptés dans l’océan Indien.

En janvier dernier, plusieurs centaines de réfugiés (jusqu’à 700 selon «The Guardian») avaient observé une grève de la faim pour attirer l’attention médiatique. Une quinzaine s’était en outre cousue les lèvres, une technique de protestation extrême qui prouve l’ampleur de leur désespoir. Mais là encore, pas de changement probant. Un des seuls migrants à avoir quitté cette prison qu’ils ne méritent pas est Reza Mollaghlipour, un Iranien de 38 ans. Après 18 mois de détention, l’ingénieur a confié à la chaîne australienne ABC qu’il allait refaire sa vie dans la capitale papoue, Port Moresby, où il vient d’être embauché provisoirement… par l’agence de recrutement chargée des réfugiés.

* La Papouasie-Nouvelle Guinée abrite des installations carcérales et un centre de rétention pour demandeurs d’asile du gouvernement australien. Les autres centres de rétention où Canberra cantonne les demandeurs d’asile sont situés sur l’île de Nauru, dans l’océan Pacifique, et sur l’île Christmas, dans l’océan Indien.

guinee28
guinee28https://guinee28.info/
Guinee28.info est un site d’informations générales et d’analyses sur la Guinée. Il couvre au quotidien l’actualité en toute indépendance et impartialité. Il offre aussi à ses lecteurs un débat d’idées, favorisant l’établissement d’une culture démocratique. Vous êtes annonceurs ? Vous voulez publier un article sponsorisé ? Nous contacter: alfaguinee28@gmail.com

Les plus populaires

Articles Liés